Foire & Salon

Brafa 2018, l’énergie en action

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 15 février 2018 - 1148 mots

BRUXELLES / BELGIQUE

La foire belge a enregistré une affluence record. Les œuvres présentées étaient de qualité et tous les marchands ont affirmé avoir vendu, à des prix cependant raisonnables.

La Tête de dignitaire romain en bronze, de l'époque d'Auguste, sur le stand de Phoenix Ancient Art, Genève
La Tête de dignitaire romain en bronze, de l'époque d'Auguste, sur le stand de Phoenix Ancient Art, Genève
Photo A2pix/F. Blaise/E. Charneux

Les 134 exposants mais aussi les visiteurs qui ont foulé les allées de la Brafa (Brussels Art Fair), qui s’est déroulée à Bruxelles du 27 janvier au 4 février, ont tous plébiscité une organisation sans faille et une foire joviale à l’ambiance détendue. « Cette édition est dans la lignée de ce qu’on attend de la Brafa. Il y a une amélioration d’année en année. Et aujourd’hui, après la Tefaf de Maastricht et de New York, c’est une des foires de référence », estimait le collectionneur belge de peinture contemporaine Baudouin Michiels, président honoraire de la Fondation Proximus Art.

La fréquentation a atteint 64 000 visiteurs contre 61 000 l’an passé (+ 5 %), avec un flux continu. Même les grands collectionneurs internationaux, à l’image du cheikh Hamad ben Khalifa Al-Thani, n’ont pas manqué le rendez-vous. Les visiteurs belges reviennent quant à eux plusieurs fois. La communication est importante et de très gros sponsors, notamment la banque Delen, soutiennent la foire. « Avec l’ouverture de la Brafa à l’art contemporain l’année dernière, nous avons touché un autre public, qui est grandissant », observait Harold t’kint de Roodenbeke, aux commandes de l’événement. Enfin, à côté des habituels visiteurs anglais, luxembourgeois et italiens, il y a eu davantage de clients étrangers, notamment hollandais, allemands et suisses, et ce grâce à une ouverture plus importante à l’international. Plusieurs marchands ont indiqué avoir rencontré des clients russes et même chinois. Un bon indice, le marchand belge Jan Muller, qui d’ordinaire ne vend qu’à des Belges, confiait que c’était la première fois que la moitié des œuvres vendues l’avaient été à des clients non belges.

« Une bonne énergie »
« Il y a plutôt un enthousiasme général », savoure Harold t’kint de Roodenbeke, ajoutant : « Tout le monde a bien vendu. Le secret pour réussir à la Brafa ? Il faut un bon éventail de pièces », avant d’indiquer avoir cédé des œuvres entre 100 000 et 200 000 euros. Pour Michael Hedqvist, de Phoenix Ancient Art (Genève) : « C’est un bon millésime avec une bonne énergie. On sent qu’il y a une sorte de reprise dans l’économie donc les clients sont davantage acheteurs. Et puis il y a plus de visiteurs étrangers ces dernières années. Il n’y a pas d’Américains mais ils ne sont jamais vraiment venus. Enfin, la Brafa fait un très bon travail de communication. » Tout est dit. La galerie a vendu des œuvres entre 30 000 et 100 000 euros et, à la fin de la foire, elle était encore en pourparlers avec un particulier et un musée concernant une Tête d’un dignitaire romain en bronze, époque d’Auguste (prix affiché : 3,5 M€).

Du côté des nouveaux venus, le bilan était plus mitigé. « Peu de ventes mais par contre, nous avons eu au moins une centaine de contacts. Les clients ont besoin de réfléchir », analysait le marchand zurichois Philippe David, qui partageait un stand avec Thomas Salis (Salzburg, Autriche). « A-t-on apporté des œuvres trop chères ? Ceux de nos collègues qui présentaient des œuvres moins chères ont mieux vendu. Ceux qui sont dans nos prix ressentent la même chose. » Même constat à la Galerie de la Présidence (Paris), ravie de sa première participation même si elle n’a pas multiplié les ventes. « Je n’ai rencontré que de nouveaux clients. Je reviens l’année prochaine sans hésiter ! », a assuré Florence Chibret-Plaussu. En revanche, les galeries Osborne Samuel (Londres) et Gladstone (Bruxelles), qui venaient pour la première fois, ont effectué de nombreuses transactions. La deuxième a cédé un miroir d’Anish Kapoor (prix non communiqué).

Fait frappant cette année, « c’est la première fois que nous observons un retour positif sur l’ensemble des spécialités », d’après l’un des organisateurs de la foire. Petit bémol cependant pour le secteur des arts premiers où quelques marchands ont perçu une certaine mollesse de la part des amateurs. Ce n’était pas le cas de Jacques Germain (Montréal), qui s’est délesté de plusieurs pièces affichées entre 20 000 et 250 000 euros. « Les plus beaux objets se vendent. J’ai apporté ici des objets classiques, de belle qualité. Il ne faut pas venir avec des objets trop spécialisés comme au Parcours des mondes [qui a lieu à Paris en septembre]. »

Nombreuses ventes
Parmi les ventes, le marchand belge De Backker a cédé sa pièce maîtresse, une Madone en pierre, vers 1330, France (Lorraine), « à une collection parisienne renommée qui achetait pour la première fois de l’art médiéval ». La galerie De Wit (Malines, Belgique), spécialisée dans la tapisserie, a négocié une broderie royale commandée par Madame de Montespan, la favorite de Louis XIV, avec le Victoria and Albert Museum de Londres, dans la gamme des prix pratiqués par la galerie (de 40 000 à 275 000 €), quand Rodolphe Janssen (Bruxelles) a cédé Woman Screaming, 1953, de Karel Appel, à un collectionneur américain pour 200 000 euros.

Certains marchands ont fait un carton comme le parisien Xavier Eeckhout : « C’est ma meilleure Brafa réalisée en neuf ans de participation, avec des ventes tous les jours. » Le marchand a vendu 21 œuvres sur 25 dont une pièce unique signée Sandoz représentant une poule en marbre gris (140 000 €) ou encore un puma de Rembrandt Bugatti en plâtre (vers 1911). « Cette Brafa est de très bon augure avant le lancement de Tefaf dans quelques semaines », a-t-il ajouté. Le bruxellois Didier Claes venu avec ses masques Yaka du Congo a également séduit le public, vendant la série complète, et Theatrum Mundi (Arezzo, Italie) a fait mouche avec son concept du cabinet de curiosité du XXIe siècle. La galerie Stern Pissarro (Londres) a aussi indiqué avoir réalisé sa meilleure Brafa avec un grand nombre de ventes dont un paysage postimpressionniste d’Henri Manguin emporté par un client russe.

Si les pièces proposées entre 50 000 et 200 000 euros sont généralement parties très vite, les œuvres au-delà se négociaient moins facilement. Pour Vincent Amiaux (Galerie des Modernes, Paris), « ce salon est devenu incontournable pour l’art moderne, dont le domaine a été renforcé. Nous avons vendu des œuvres jusqu’à 80 000 ou 100 000 euros. Au-delà, c’est plus compliqué ». L’attraction de cette édition – certainement la plus chère –, La Chasse de Diane et des nymphes, de Rubens, aidé de Paul de Vos et Jan Wildens, était encore en négociation avec un collectionneur américain. « Une vingtaine de groupes par jour viennent la voir. Et il y a même parfois la queue », s’amusait le marchand Klaas Muller (Bruxelles), qui n’a pas souhaité révéler le prix pour des raisons d’assurances. Cependant, L’Oracle, de Magritte (Boon Gallery, Knokke-le-Zoute) est l’exception qui confirme la règle : l’œuvre est partie autour de 4 millions d’euros.

Hormis cet enthousiasme général, petit point noir persistant : plusieurs marchands étaient absents de leur stand. « La foire est trop longue ! », se sont plaints certains d’entre eux.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°495 du 16 février 2018, avec le titre suivant : Brafa 2018, l’énergie en action

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