Ventes aux enchères

Alexandre Giquello : « Ouvrir le capital de Drouot »

Par Marie Potard · lejournaldesarts.fr

Le 2 avril 2019 - 691 mots

PARIS

Le président de Drouot présentera lors de l’AG du 4 avril des propositions décisives pour l’avenir de l’hôtel des ventes.

Alexandre Giquello, Président de Drouot Patrimoine - Courtesy Drouot Patrimoine
Alexandre Giquello, Président de Drouot Patrimoine
Courtesy Drouot Patrimoine

Marie Potard : Quels sont les changements majeurs que vous souhaitez soumettre au vote de l’Assemblée Générale ?

Alexandre Giquello : Actuellement, le capital de Drouot est détenu par des commissaires-priseurs personnes physiques. Je souhaite ouvrir le capital aux maisons de ventes personnes morales – et uniquement aux maisons de ventes, après agrément. 
Dans un second temps, je souhaite faire voter une modification du règlement intérieur qui permettra d’ouvrir Drouot aux non-actionnaires (*). Cela bien évidemment à des conditions, encore à l’étude, différentes de celles appliquées aux actionnaires. Ces changements sont pour moi indispensables afin d’assurer la pérennité de Drouot. Sur proposition du Conseil d’Administration, ces questions seront donc soumises à l’Assemblée Générale, qui est souveraine. Je tiens beaucoup à ce que les décisions stratégiques importantes soient délibérées en Assemblée Générale.

Pourquoi souhaitez-vous une telle ouverture ?

Cette ouverture répondra à la volonté de dynamiser notre Hôtel des ventes et au souhait d’accueillir des opérateurs toujours plus nombreux, qu’ils soient parisiens ou exerçant en régions.
On ne réécrit pas l’histoire, mais nous aurions peut-être dû, dès la fin du monopole en 2002, mettre au point un cahier des charges très précis avec des règles de détention de parts claires. Cette volonté est en adéquation avec les réalités du marché actuel, qui a beaucoup évolué en 15 ans. Nous constatons une baisse du nombre de ventes à Drouot depuis quelques années, même si le produit reste stable. Cette baisse est due à deux facteurs principaux : la diminution du nombre de « petites » ventes dont la rentabilité n’est pas assurée et le développement des ventes de spécialité (vins, mode, livres, collectibles…) exclusivement en ligne, en particulier sur notre plateforme Drouot Digital. 

Comment voyez-vous l’avenir de Drouot ?

Notre force, c’est notre indépendance et la multiplicité des opérateurs intervenants qui sont leurs propres patrons et qui font vivre notre marque. Je ne suis pas de ceux qui pensent que le futur de Drouot est de créer une maison de ventes intégrée, c’est-à-dire de tout fusionner. Tous unis dernière le Grand Drouot, je n’y crois pas : qui commande, qui décide ? Il y a tellement d’ego dans cette profession ! Déjà, en AG, il y a un peu d’électricité entre les confrères alors si nous devions être dans une même maison avec une politique commune, je ne suis pas sûr que cela fonctionne.

Et ouvrir un bureau à New York ?

Admettons que nous en ouvrions un. On nous y dépose un tableau de Picasso. Qui le vend ? Beaussant-Lefèvre, Millon, Ader ?

Les rapports se sont tendus avec l’entreprise de transport Chenue. Quel est le problème ?

Le problème est celui des accidents sur les objets. Cela représente quelques dizaines d’objets endommagés sur près de 300 000 objets manipulés par an, ce qui est peu. Cela a créé des tensions entre Chenue et certains opérateurs. Chenue ne souhaite plus prendre en charge la gestion des magasins de salles et le transfert des lots dans nos espaces de stockage car c’est principalement dans ce cadre que les accidents se produisaient. En outre, il n’y a pas de chaîne continue entre les transporteurs qui gèrent la livraison et l’enlèvement – une quinzaine sont agréés à Drouot – et Chenue, qui met en place l’exposition et présente les lots pendant la vente. D’où la difficulté d’identifier les responsabilités. Comme Chenue n’assure plus la tenue des magasins – ce sont les opérateurs qui s’en chargent – le montant de ses prestations a baissé, ce qui lui pose un problème de rentabilité. 
Notre prestataire nous a donc demandé un moratoire jusqu’en juin pour étudier un modèle plus pérenne. Quant à nous, nous n’avons pas exprimé le souhait de nous séparer de Chenue. 
Depuis, nous avons trouvé un accord avec Chenue qui nous a manifesté son attachement à Drouot, comme tous ceux qui connaissent cette institution extraordinaire.
 

NOTE

Depuis le 31 décembre 2017, le règlement intérieur de Drouot Holding exige la détention de 7 000 actions pour tout opérateur de ventes souhaitant vendre à l’hôtel Drouot

Thématiques

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque