Ventes aux enchères

France

La France fait bonne figure

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 18 janvier 2017 - 909 mots

Alors que le contexte économique mondial n’est pas des plus favorables, les maisons de ventes françaises continuent de progresser, grâce à des prix records et la dispersion d’importantes collections.

Avec un produit de ventes cumulé de 899,9 millions d’euros contre 859,3 millions (1) en 2015, les dix plus grandes maisons de ventes aux enchères françaises affichent une augmentation de 4,7 %. Le trio de tête, de même configuration que l’année précédente, passe de 629,6 à 668,2 millions d’euros, un chiffre en hausse de 6,1 %. Cependant, cette croissance est inférieure à celle de 2015 ( 8,2 %). Christie’s continue sur sa lancée. Outre qu’elle conserve la première place du classement, elle réalise son meilleur chiffre d’affaires depuis son implantation à Paris avec un résultat global de 244,6 millions d’euros (en excluant toutefois l’année 2009, date de la dispersion de la collection « Yves Saint Laurent et Pierre Bergé » qui avait totalisé 455,2 millions d’euros). Elle dépasse de près de 25 millions d’euros sa rivale grâce à des départements leaders comme ceux de l’art impressionniste et moderne qui atteint 48 millions d’euros (30 M€ pour Sotheby’s) et de l’art contemporain, avec 70 millions d’euros (56,7 M€ pour Sotheby’s).

Au-delà de la dispersion de collections importantes, la stratégie de la maison s’est révélée payante. Notamment, la nouvelle catégorie de ventes lancée pendant la Fiac (Foire internationale d’art contemporain), « Paris Avant-Garde », lui a permis de récolter 20,5 millions d’euros. « En 2016, nous avons plus que jamais épousé l’actualité parisienne. Il faut que Paris rayonne et, pour ce faire, un écosystème vertueux doit se mettre en place avec tous les protagonistes du marché de l’art », a commenté Édouard Boccon-Gibod, directeur général de Christie’s France.

Sotheby’s 2e
En deuxième position, Sotheby’s totalise 220 millions d’euros, contre 210,4 en 2015 ( 4,6 %). Si elle n’a pas fait autant d’étincelles que Christie’s en art moderne et contemporain, Sotheby’s détient en revanche la plus forte enchère pour une peinture adjugée en France avec Squelette arrêtant masques, 1891, de James Ensor (7,3 M€). À noter, en 2017, Sotheby’s change son calendrier pour des ventes programmées en mars, pendant le Salon du dessin, et en octobre pendant la Fiac au lieu de juin et décembre. La maison de ventes est leader en arts premiers (19,5 M€) et en mobilier et objets d’art (33 M€) grâce au succès remporté par la dispersion de la collection Robert de Balkany (19,3 M€).

Conservant sa 3e place sur le podium, l’opérateur français Artcurial affiche également une progression, en passant de 185,2 à 203,6 millions d’euros ( 10 %). Pour la première fois de son histoire, il franchit la barre des 200 millions. Ce chiffre global est fortement soutenu par son département automobiles de collection qui totalise 79,8 millions d’euros (70 millions en 2015). C’est d’ailleurs dans cette catégorie que figure pour la deuxième année consécutive la meilleure enchère en France toutes spécialités confondues, une Ferrari 335 Sport Scaglietti (32 M€), vendue lors du salon Rétromobile. « Dans l’esprit des collectionneurs de voitures, Paris est la place numéro un », a souligné Nicolas Orlowski, président d’Artcurial.

Se hissant à la 4e place, Pierre Bergé & associés enregistre la plus forte croissance ( 21,5 %), passant de 35,8 à 43,5 millions d’euros. C’est évidemment le Cachet impérial chinois cédé 21 millions d’euros qui a fait toute la différence – plus haut prix pour une œuvre d’art en France en 2016. « Ce prix a surpris tout le monde. Nous nous attendions à ce qu’il fasse 3 à 5 millions, mais un Asiatique, – non habitué – le voulait à tout prix », confiait un connaisseur du marché. Millon conserve la 5e place avec une hausse de 6 % (36,5 M€). Tajan perd une place et baisse de 4,4 % (34,7 M€) mais devrait se rattraper en 2017 avec la vente en juin d’un dessin de Léonard de Vinci (estimé 15 M€). Piasa stagne avec 34 millions d’euros quand Aguttes, 8e, enregistre la plus forte baisse (– 22 %) avec un total de 32,1 millions d’euros, faute d’avoir pu proposer des chefs-d’œuvre comme ce fut le cas pour les trois Sanyu en 2015 (10 M€).

Cornette de Saint Cyr baisse légèrement (– 4,6 %) avec 26,8 millions d’euros alors qu’Ader remonte de deux places pour finir 10e (24,2 M€). Si Binoche et Giquello sont absents du « Top 10 », il faut tout de même mentionner leur importante hausse : ils affichent un résultat de 17,9 millions d’euros, soit une progression de 50 % grâce à de belles enchères, à l’exemple du Baiser de Rodin (2,2 M€). La maison marseillaise Leclere progresse aussi de plus de 50 % avec un chiffre d’affaires de 16,6 millions, multipliant le volume de ses ventes par 2,5 en deux ans. En revanche, Drouot, dont le chiffre d’affaires ne comprend pas les « after sales » contrairement à ceux des opérateurs, le voit légèrement diminuer (– 1,3 %), passant de 363,7 à 358,9 millions d’euros malgré un nombre de ventes croissant (1 258 contre 1 147 en 2015). « Je n’ai pas vraiment d’explication à cette baisse si ce n’est les problèmes économiques du moment. Pour moi, c’est une belle année, je n’ai pas de déception car la qualité est là et le marché est sain », a commenté Olivier Lange, directeur général de l’hôtel des ventes.

Note

(1) tous les chiffres du texte sont indiqués hors TVA et calculés par Le Journal des Arts.

Légende photo

Ferrari 335 S Spider Scaglietti de 1957 provenant de la collection de Pierre Bardinon. © Artcurial.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°471 du 20 janvier 2017, avec le titre suivant : La France fait bonne figure

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