Art contemporain

N’Goné Fall : Africa 2020 mobilise tout le continent africain

Par Christine Coste · L'ŒIL

Le 4 janvier 2021 - 643 mots

N’Goné Fall est commissaire générale de la Saison Africa 2020. Née en 1967 à Dakar (Sénégal), elle est commissaire d’exposition, essayiste et consultante en ingénierie culturelle.

La Saison Africa 2020, reportée une première fois à cause de la pandémie, a démarré en décembre. C’est la première fois qu’une saison culturelle et artistique englobe tout un continent et non pas un pays. Cette décision de l’Élysée ne renforce-t-elle pas l’idée que l’Afrique est un pays et que tout y est pareil ?

Quand j’ai été approchée pour prendre le commissariat général de la Saison, le cabinet du Président de la République m’a donné la vision politique de cette décision que je lui laisse argumenter. Le défi est intéressant, et on l’a mené comme on fait en Afrique en montant des projets panafricains. Pour un Français, le panafricanisme ne veut pas dire grand-chose, alors que pour nous il est une évidence. C’est notre manière de fonctionner, y compris dans nos réseaux professionnels. On a donc mobilisé tout un continent, à travers sa société civile et les acteurs qui font bouger les lignes aujourd’hui dans tous les secteurs d’activité, pas uniquement sur le plan culturel. Et ce, à partir de cinq thèmes identifiés par un atelier de réflexion, allant de l’oralité augmentée aux systèmes de désobéissance. Ces thèmes ont ensuite fait l’objet de recherches et de productions intellectuelles, artistiques et scientifiques à l’échelle du continent.

Quels sont les enjeux de cette saison ?

Que l’on arrête de penser, de parler et d’agir à la place des Africains. Il s’agit d’écouter, de regarder pendant sept mois comment nous abordons le passé, le présent et le futur. Quand on parle de redistribution des ressources, d’émancipation économique, d’histoire, de territoire ou d’engagement citoyen, les problématiques posées ne sont pas exclusivement africaines. Nous avons les mêmes aspirations, les mêmes rêves, les mêmes frustrations que les autres citoyens de la planète, mais aussi notre propre vision du monde et de l’avenir. D’où la création sur l’ensemble du territoire français, y compris ultramarin, de quinze Quartiers généraux (QG), centres culturels panafricains installés temporairement dans une institution culturelle, tels l’Institut des cultures d’islam à Paris, La Halle tropisme à Montpellier ou Le Mémorial ACTe à Pointe-à-Pitre. D’où aussi la labélisation de 274 projets pédagogiques associant des classes et écoles françaises à d’autres établissements de ce type en Afrique. L’enseignement de l’histoire de l’Afrique mené en partenariat avec l’Unesco est un chantier, quant à lui, sur le long terme. Il s’agit de mettre à disposition des enseignants français des outils pédagogiques pour enseigner l’histoire africaine.

Quels sont les grands temps forts ?

El Anatsui à la Conciergerie, Le Sommet de septembre au Musée du quai Branly-Jacques Chirac, le 26 février, et, pour la Biennale de danse de Lyon en mai, le défilé de 12 groupes, conçu par des chorégraphes, danseurs, plasticiens, décorateurs et scénographes africains. Le regard des femmes africaines sur les grands défis du XXIe siècle est un autre temps fort. Il s’exprime à Paris dans « The Power of My Hands » au Musée d’art moderne, Zanele Muholi à la Mep et à Saint-Denis dans « Un.e air.e de famille » au Musée d’art et d’histoire Paul Éluard ; et, en région, dans « Mémoria » au Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA à Bordeaux, « Au-delà des apparences » aux Abattoirs à Toulouse et Katia Kameli au Frac Paca, à Marseille.

QG

Répartis dans 15 institutions culturelles du territoire français, les Quartiers généraux offrent, durant un temps donné, une programmation multidisciplinaire composée d’expositions, de spectacles, de concerts, de films, d’ateliers créatifs et de rencontres.


81

C’est le nombre de villes en France,en métropole et outre-mer, où sont programmées des expositions ou d’autres événements de la Saison Africa 2020 (jusqu’à la mi-juillet 2021).
 

« Mes autoportraits s’adressent aux Noirs : “Vous devez être fiers de ce que vous êtes”. Je veux leur faire de l’espace, qu’ils puissent montrer qui ils sont. » Zanele Muholi, photographe sud-africaine, Le Point, 09/11/2019.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°740 du 1 janvier 2021, avec le titre suivant : N’Goné Fall : Africa 2020 mobilise tout le continent africain

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