Art contemporain

Les bonnes intentions ne dispensent pas du respect du droit d’auteur

Par Antonin Gratien · lejournaldesarts.fr

Le 14 juin 2019 - 361 mots

BÂLE / SUISSE

Une artiste américaine a dû retirer de son installation des photos qu’elle avait utilisées sans l’accord de son auteure. 

Quatre photographies ont été supprimées de l’installation Open Secrets, actuellement présentée à Art Basel. Cette décision a été prise mardi 11 juin par la créatrice de l’œuvre, Andrea Bowers, après que l’auteure des clichés, Helen Donahue, l’a accusé de les avoir utilisés sans son autorisation.

Les photos accompagnaient à l’origine un tweet publié en octobre 2017 par Helen Donahue. Elles montraient son corps tuméfié, et avaient été diffusées pour fournir une preuve de l’agression sexuelle qu’elle avaient subie de la part de Michael Hafford, un ancien contributeur du média Vice également visé par trois autres accusations de harcèlement.

L’œuvre d’Andrea Bowers, très souvent politisée, veut mettre en exergue ce type de témoignage public. Open Secrets est décrit par la Andrew Kreps Gallery, l’un des représentants de l’artiste, comme une « illustration physique du patriarcat et un monument dédié au courage des survivantes [d’agression] qui osent prendre la parole sur le harcèlement »

L’installation, dans la section Unlimited de la foire bâloise est un panneau de 20 mètres de long présentant sur de longues bandes rouges des textes et images d’accusations liées au mouvement #MeToo. L’un des 200 témoignages exposés est celui d’Helen Donahue, illustré par les photographies de son post twitter daté du 6 octobre 2017. 

C’est seulement sur les réseaux sociaux, après l’ouverture de la foire d’Art Basel, qu’Helen Donahue a découvert la reproduction de son tweet. Elle a expliqué que l’opération avait été faite sans son accord et dénoncé une « exploitation » de son traumatisme, et de celui des autres victimes d’agressions sexuelles, au nom de l’art. 

Helen Donahue et des centaines d’internautes ont reproché à Andra Bowers d’avoir instrumentalisé la cause qu’elle prétendait défendre. Ils ont également mis en exergue le paradoxe qu’il y avait à utiliser sans approbation des images censées rappeler la nécessité du consentement.

Face aux accusations, Andrea Bowers a fait amende honorable. « Je m’excuse auprès des survivantes dont les images ont été utilisées sur mon œuvre. J’aurai dû demander leur accord », a-t-elle déclaré, après avoir retiré de son installation les photographies polémiques.
 

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