Biennale - Société

À Menton, une sculpture anti-avortement fait polémique 

Par Antonin Gratien · lejournaldesarts.fr

Le 3 octobre 2019 - 435 mots

MENTON

Le Planning familial des Alpes-Maritimes exige son déplacement vers un lieu invisible pour les passants.

Entrée du port de Menton, 2016 © Hpgruesen / Pixabay License.
Entrée du port de Menton, 2016
Photo Hpgruesen

Samedi 28 septembre, plusieurs manifestations ont eu lieu en France à l’occasion de la journée internationale du droit à l’avortement. Deux jours plus tard, c’est un autre son de cloche qui a résonné du côté de Menton, dans les Alpes-Maritimes. Lors de l’ouverture de la première biennale d’art contemporain sacré de la ville, placée sous le thème de l’« Ode à la vie », une statue sur les « non nés » a été révélée en suscitant l’indignation du Planning familial.

Le monument de bronze intitulé Notre-Dame des innocents représente la Vierge, en larmes, inclinée vers sept nourrissons parfois allongés, parfois recroquevillés. Certains sont représentés avec des cordons ombilicaux coupés. Au micro de France 3 (voir ci-dessous) son auteure, la néerlandaise Daphné du Barry, a déclaré « j’ai simplement voulu rendre un témoignage de la beauté que représente la vie », puis s’est demandé : « combien d’enfants non nés auraient pu être des génies ? »

La sculpture massive est présentée à la biennale parmi plus de 200 créations de signatures nationales ou étrangères dont Damien Hirst, Yayoi Kusama et Banksy. Commandée par la directrice du Grand Hôtel des Ambassadeurs de Menton, la statue a été installée à la vue des passants dans un des jardins privés de l’établissement. 

Elle devrait y rester « définitivement » ambitionnant de devenir un rendez-vous de « pèlerinage pour les personnes essayant d’avoir un enfant ou ayant des difficultés avec leur progéniture », indique le communiqué de presse de la biennale qui se tiendra jusqu’au 31 octobre. Le cartel d’information de l’œuvre précise qu’elle s’adresse également au recueillement des celles « qui ont avorté et se repentent ».

Les réactions ne se sont pas fait attendre. Quelques heures seulement après l’inauguration du monument, le Planning familial a fustigé sur Facebook une production artistique servant de « prétexte à culpabiliser les femmes ». Claire Morracchini, membre du Planning familial des Alpes-Maritimes, a indiqué que l’association demanderait à la mairie de Menton le déplacement de l’œuvre dans un espace moins public. Contactée par le JdA, elle a déploré un « jugement moralisateur portant sur la liberté à disposer de son corps » et affirmé que l’avortement constituait un « droit fondamental ».

En France, l’interruption volontaire de grossesse (IVG) a été légalisée par la loi du 17 janvier 1975 portée par Simone Veil, alors ministre de la Santé. Mi-mai 2018 Véronique Sehier, coprésidente du Planning familial, avait rappelé qu’une femme mourrait toutes les 9 minutes dans le monde d’un avortement clandestin. Selon l’Institut national d’études démographiques, 216 700 françaises ont pratiqué une IVG durant l’année 2017.

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