Rachida Dati édulcore le rapport Bethenod sur le soutien à la scène française

France. Alors que le rapport commandé à Martin Bethenod avait sabordé l’idée d’une « fondation nationale pour l’art contemporain dont la Fondation du patrimoine pourrait être une source d’inspiration » envisagée par Rachida Dati, celle-ci a (en retour ?) dilué les propositions de l’ex-directeur de la Foire internationale d’art contemporain (FIAC). Elle a ainsi paradoxalement mis de côté le principe d’un chef de file de la mise en œuvre du soutien à la scène française que Martin Bethenod souhaitait logiquement confier au CNAP. Le même Centre national des arts plastiques est invité à porter à 80 % ses acquisitions d’œuvres d’artistes de la scène française, là où l’auteur du rapport envisageait plutôt 100 %.

La ministre s’est également bien gardée de fixer des objectifs quantitatifs d’exposition d’artistes de la scène française au Centre Pompidou (Martin Bethenod évoquait un quota autour de 50 %) préférant renvoyer cette discussion dans la discrétion du contrat d’objectifs et de performance du Centre, en cours de renouvellement pour la période allant jusqu’en 2029. Des indicateurs qui ne prêteront pas à conséquence puisque le Centre ne rouvrira qu’en 2030.

Pas de quota non plus pour une grande manifestation internationale organisée par le Palais de Tokyo « conçue comme un dialogue entre les œuvres de la scène française et de la scène internationale » qui risque fort de ressembler à la Triennale de 2012 d’Okwui Enwezor où la scène française faisait de la figuration. Le plan de la ministre reste flou sur la localisation de cette manifestation qui se tiendrait à l’automne 2027 « à Paris et dans le Grand Paris », en tout cas pas au Palais de Tokyo puisqu’en principe celui-ci doit fermer en 2027 pour au moins dix-huit mois de travaux.

Et si le plan reprend, les propositions du rapport s’agissant de l’accueil en résidence de curateurs étrangers dans les Fonds régionaux d’art contemporain (Frac) et centres d’art, il ne donne pas d’indication budgétaire sur ce programme. Il fait également l’impasse sur les Pôles européens de production conçus comme des fers de lance de la scène française à l’étranger.

En définitive, le plan manque de souffle et d’ambition et risque de décevoir ceux qui appellent de leurs vœux un véritable soutien des artistes de la scène française. Un label pourtant très élastique puisqu’il recouvre tous ceux qui ont un atelier en France. Il est vrai que le ministère ne dispose pas de beaucoup de marges budgétaires pour 2026 et au-delà. Il est prévu que ses crédits de paiement de la mission Culture baissent de plus de 4 % (si les parlementaires sont d’accord) tandis que ceux réservés aux arts visuels restent stables autour de 154 millions d’euros.