Le rapport Bethenod propose des quotas d’exposition pour les artistes de la scène française, une bonne nouvelle pour l’éditorialiste du JDA.
Art contemporain. En 2011, Frédéric Mitterrand, alors ministre de la Culture, annonçait « 15 mesures pour les arts plastiques » faisant soigneusement attention à ne pas flécher ces mesures vers la création française. Cet été, le rapport commandé par Rachida Dati à Martin Bethenod ose enfin sortir de l’angélisme qui a trop longtemps caractérisé le milieu hexagonal de l’art contemporain, en proposant des mesures de soutien à la scène française, évoquant même des quotas de diffusion.
De tels quotas existent depuis plus de trente ou quarante ans dans d’autres domaines : pour la chanson d’expression française dans les radios privées, pour la création audiovisuelle dans les chaînes de télévision. Récemment, le législateur a instauré des quotas pour les plateformes musicales. Le cinéma bénéficie depuis longtemps d’un mécanisme d’aide à la production qui favorise le cinéma français, financé par toutes les entrées en salles, dont les blockbusters américains, tandis que les fonds publics soutiennent largement la création théâtrale française.
Pour des raisons inintelligibles, l’interdit d’une préférence nationale subsiste encore dans certains cercles étroits de l’art contemporain, qui vivent dans la nostalgie de l’époque où Paris attirait les artistes du monde entier et constituait un creuset fécond. C’est ne pas voir que, depuis quatre-vingts ans (et le Grand Prix de Venise décerné à Rauschenberg), les artistes français peinent à exister à l’international avec des conséquences en cascade sur toute la filière : des écoles d’art aux galeries.
Beaucoup de pays n’ont pas les mêmes pudeurs et consacrent des musées à leur scène locale : le Whitney à New York, le Moca à Toronto, le Zeitz MOCAA en Afrique du Sud… Il y a quelques années, les Britanniques ont su mobiliser critiques et galeries pour promouvoir les Young British Artists, tous devenus depuis des stars internationales.
Au demeurant, la définition de la scène française retenue dans le rapport est suffisamment élastique pour satisfaire les bonnes âmes ; elle est ainsi composée « de tous les artistes, quelle que soit la nationalité, qui vivent et travaillent en France ». À ce compte, David Hockney qui vivait tout récemment encore en Normandie ou Anselm Kiefer peuvent prétendre à ce label. Cela promet des débats animés à la commission d’achat du CNAP qui est invitée à n’acquérir que des œuvres d’artistes de la scène locale ou au Centre Pompidou d’y consacrer 40 % de ses expositions.
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Enfin des quotas pour la scène française
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°660 du 5 septembre 2025, avec le titre suivant : Enfin des quotas pour la scène française







