Politique culturelle

La Cour des comptes recommande la suppression du Cnap

Par Jean-Christophe Castelain · lejournaldesarts.fr

Le 20 novembre 2025 - 418 mots

La Cour considère que les missions du Centre national des arts plastiques doivent être réparties entre notamment le ministère et le Centre Pompidou.

Vue d'architecte du bâtiment qui regroupera les activités du Cnap en 2027, rue Cartier-Bresson à Pantin. © Bruther et Data
Vue d'architecte du bâtiment qui regroupera les activités du Cnap en 2027, rue Cartier-Bresson à Pantin.
© Bruther et Data

La publication des observations définitives de la Cour des comptes sur la gestion du Centre national des arts plastiques (CNAP) pour la période 2016-2024 ne va pas passer inaperçue. L’institution de contrôle financier a formulé une recommandation retentissante : la suppression du CNAP d'ici 2030 et la répartition de ses missions entre le ministère de la Culture, le Centre Pompidou, les musées dépositaires et les Fonds régionaux d’art contemporain (FRAC).

Le rapport de la Cour des comptes met en évidence un modèle économique du CNAP jugé non viable et des missions « insuffisamment remplies ». L’opérateur, héritier d’une politique étatique de soutien à la création depuis la Révolution, souffre de faiblesses structurelles et d'un manque de performance.

Le CNAP, qui gère 108 000 œuvres du Fonds National d’Art Contemporain (FNAC), a vu sa politique d’acquisition se « massifier » depuis 1981, basculant dans une logique selon la Cour d'« accumulation » ou de « collection pour la collection ». Conséquence directe : sa mission essentielle de diffusion a décroché. Seule 43,7 % de la collection est montrée, et environ un quart des œuvres acquises n'est jamais sorti des réserves. Cette accumulation pose un « problème croissant de réserves », entraînant des coûts de stockage qui deviennent déraisonnables.

La gestion de l'établissement est jugée « extrêmement lourde et fragile ». Les dépenses de fonctionnement (12,8 M€ en 2024, hors personnel mis à disposition) sont disproportionnées par rapport aux crédits dévolus directement aux missions (5,4 M€). Le projet immobilier du site de Pantin, destiné à regrouper les réserves d’ici 2027, illustre cette gestion coûteuse. Son coût a doublé pour atteindre près de 98 M€ TTC. La Cour pointe également des dysfonctionnements sévères dans la gestion administrative, notamment la fonction achat exposée à des risques élevés d’irrégularités en matière de commande publique. Enfin la Cour note que le CNAP n'a pas démontré l'efficacité de ses aides sur la carrière des artistes.

Le ministère de la Culture, on s’en doute, ne retient pas la recommandation de suppression. La ministre argue que la suppression n'entraînerait pas d'économies significatives et risquerait d'affaiblir la visibilité de la politique de l’État en faveur des arts visuels. Au contraire, le ministère souhaite repositionner le CNAP comme « l'établissement chef de file de la promotion et de la valorisation internationale de la scène française ». L'installation prochaine à Pantin, bien que coûteuse, est perçue comme un levier pour intensifier la diffusion de la collection, objectif qui sera inscrit dans le prochain contrat d'objectifs de l'établissement.

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