Éducation artistique et culturelle

CAPITALE FRANÇAISE DE LA CULTURE

L’objectif « zéro zone blanche » de Villeurbanne

Par Sindbad Hammache · Le Journal des Arts

Le 3 juin 2022 - 711 mots

VILLEURBANNE

La deuxième ville de l’agglomération lyonnaise a obtenu la première labellisation « Capitale française de la culture » grâce à un projet axé sur l’EAC.

Des enfants assistent à un spectacle grâce au dispositif Minimix mis en place à Villeurbanne. © Julien Roche / Minimix
Des enfants assistent à un spectacle grâce au dispositif Minimix mis en place à Villeurbanne.
© Julien Roche / Minimix

Villeurbanne (Rhône). Le froid est mordant en cette matinée ensoleillée de février dans la cour de l’école Jules-Ferry, mais cela n’empêche pas une vingtaine d’élèves de CE2 de s’asseoir religieusement autour d’une étrange cabane-mobile home qui s’est installé là il y a quelques semaines. La troupe d’artistes et de comédiens Turak Théâtre joue pour les enfants une version adaptée d’un de leur spectacle, faisant régulièrement une pause entre les scènes pour un temps d’échange au cours duquel les élèves font le point sur ce qu’ils ont vu et compris. Ces derniers semblent particulièrement bien connaître l’univers fantasmagorique que propose la compagnie, sa géographie imaginaire, ses rituels, et parvient même à reconnaître, derrière les masques grimaçants, des personnages qui leur sont déjà familiers.

Et pour cause, la compagnie Turak Théâtre fait partie de leur quotidien, installée en résidence dans les murs de l’école pour une durée de trois mois. C’est l’un des premiers « Minimix » lancé dans la commune de Villeurbanne : un dispositif imaginé dans le cadre du label « Capitale française de la culture 2022 ». Avec ses 150 000 habitants et son identité culturelle et politique singulière, la deuxième ville de l’agglomération lyonnaise ne souhaitait pas faire de ce rendez-vous « une candidature déguisée de la métropole », mais bien un projet de territoire. Axée sur l’éducation artistique et culturelle à destination de la jeunesse, bien plus que sur le tourisme culturel, la proposition a séduit le jury, qui a fait de Villeurbanne la première lauréate du label en mars 2021.

L’ambition d’une EAC pérenne

Les jeunes Villeurbannais sont ainsi directement impliqués dans la partie événementielle de la programmation. Le grand festival qui se tiendra au mois de juin, au parc de la Feyssine, est entièrement organisé par cent quinze jeunes, de 12 à 25 ans, encadrés par des professionnels de l’événementiel et de la culture. Mais au-delà de ces rendez-vous ponctuels, Villeurbanne a souhaité utiliser l’année « Capitale de la culture », ainsi que les subventions et le mécénat qui en découlent, pour mettre en place une politique d’éducation culturelle pérenne dans la ville. Le principe des Minimix incarne cette ambition, que Bernard Sevaux, directeur général de la culture à la mairie, condense dans l’objectif : « Zéro zone blanche ».

Car, malgré un maillage culturel particulièrement dense – on trouve à Villeurbanne le Théâtre national populaire, l’Institut d’art contemporain-Frac Rhône-Alpes, la Maison du livre de l’image et du son, le Transbordeur, les ateliers Frappaz qui sont un centre national des arts de la rue… –, la municipalité a identifié un problème de manque de diversité dans les populations profitant de ces équipements, à l’image de l’École nationale de musique, une institution qui, regrette Bernard Sevaux, accueille essentiellement « les enfants de la boboïsation ». « Il faut qu’en sortant du primaire, tous les enfants aient leur carnet de vaccination culturelle à jour », selon la formule imagée du directeur de la culture et pilote du projet « Capitale française de la culture ».

Sensibiliser les enfants et leurs parents

Le principe des Minimix s’appuie sur le canevas des BCD, les bibliothèques-centres de documentation des écoles maternelles et primaires. Des « coquilles vides » délaissées par les programmes d’animation du ministère de l’Éducation nationale, et que la Ville réactive en recrutant une dizaine d’assistants qualifiés de bibliothèques, qui jouent le rôle de médiateurs entre les artistes en résidence, l’équipe éducative et les élèves. Il s’agit donc d’implanter durablement l’éducation artistique et culturelle dans les écoles, avec des postes pérennes, et des résidences sur une durée de plusieurs mois.

Destinés dans un premier temps aux écoles primaires, les Minimix concerneront également les écoles maternelles de la ville, leurs directeurs ayant plébiscité le dispositif. Dix-huit écoles pilotes profitent déjà de ces résidences durant l’année « Capitale de la culture », une phase de test grandeur nature qui sera suivie d’un déploiement : 1,7 million d’euros ont été budgétisés pour recruter vingt médiateurs et équiper les écoles en matériel. Les résidences s’adressent à tous types d’artistes, comédiens, plasticiens ou musiciens, et aspirent à toucher, au-delà des enfants, les parents et leur entourage, dans des temps périscolaires. « La démarche, c’est de déployer les artistes sur les plateaux le soir, et dans les écoles en journée », résume Bernard Sevaux.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°590 du 27 mai 2022, avec le titre suivant : L’objectif « zéro zone blanche » de Villeurbanne

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