Russie - Justice

Le réalisateur russe Serebrennikov autorisé à retravailler en attendant son verdict

Par Emmanuel Grynszpan, correspondant à Moscou · lejournaldesarts.fr

Le 9 avril 2019 - 479 mots

MOSCOU / RUSSIE

La justice russe accord un court répit au réalisateur accusé depuis 2017 de détournement de fonds.

Le célèbre réalisateur et metteur en scène russe Kirill Serebrennikov (1) peut enfin sortir de chez lui après un an et demi de résidence surveillée, a décidé lundi un tribunal de Moscou. La coqueluche du théâtre russe va pouvoir se rendre librement aux répétitions et sur les tournages en souffrance depuis le début des accusations portées contre lui en 2017 par le ministère de la culture pour « détournement de fonds à hauteur de 133 millions de roubles [1,8 millions d’euros] »

Deux autres acteurs de l’affaire dite « du septième studio » (maison de production dirigée par Kirill Serebrennikov) ont bénéficié du même sort, l’ancienne employée du ministère de la culture Sofia Apfelbaum et le directeur général du 7e studio Ioui Itine. L’ancien directeur du Théâtre « Gogol-Tsentr » Alexeï Malobrodsky reste lui en résidence surveillée jusqu’à nouvel ordre. 

Toutes les personnes inculpées restent sous contrôle judiciaire jusqu’au verdict attendu pour les prochaines semaines. Le procès dure depuis novembre 2018. Aucun des accusés n'a plaidé coupable, à l'exception de l’ancienne comptable du 7e studio Nina Maslyaïeva, qui a été emprisonnée plusieurs mois dans des conditions particulièrement pénibles, jusqu’à ce qu’elle accepte de collaborer avec les enquêteurs. Elle est devenue depuis le principal témoin à charge contre ses anciens collègues. 

Le procès est perçu par le monde de la culture comme une tentative d’intimidation venant du flanc conservateur du Kremlin et du clergé orthodoxe. Les pièces et films du trublion Kirill Serebrennikov abordent fréquemment le thème de l’homosexualité ou critiquent le chauvinisme et le fondamentalisme religieux. 

La décision de la justice russe a réveillé l'espoir du monde de la ulture mais ne garantit aucunement que Serebrennikov et ses collègues échapperont à la prison. Car une relaxe équivaudrait à un camouflet pour le ministère de la Culture. L’une des avocates de la défense, Irina Poverinova, note qu’il « ne s’agit pas d’un tournant dans le procès mais simplement d’une petite satisfaction »

Quittant lundi le tribunal, Serebrennikov a indiqué à l’agence Interfax qu’il entendait reprendre son activité professionnelle « dans les prochains jours ». « Merci à tous ceux qui nous soutiennent et s’inquiètent pour nous. (…) C’est extrêmement touchant, et ce soutien est précieux. Mais je veux répéter une fois de plus : rien n’est terminé, nous continuons à nous battre pour démontrer notre innocence au tribunal », a également déclaré le metteur en scène. Le théâtre RAMT, que dirige Sofia Apfelbaum, a également annoncé son retour en fonction pour le 9 avril. 

Vladimir Tolstoï, conseiller pour la culture auprès du président russe, s’est félicité de « l’excellente nouvelle », tandis que le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a lui préféré s’abstenir de toute réaction. Le ministère de la Culture s’est également abstenu de tout commentaire. Un silence qui en dit long. 
 

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