Royaume-Uni - Censure - Politique culturelle

L’Art Council England accusé de menacer la liberté d’expression

Face aux critiques d’artistes, l’agence qui finance les institutions culturelles en Grande-Bretagne réfléchit à une reformulation de ses règles.

Logo du Art Council England.
Logo du Art Council England.

Londres (Grande-Bretagne). En janvier, l’Art Council England (ACE), l’agence nationale pour la culture, a modifié les règles de son « cadre relationnel » avec ses partenaires. Désormais, les déclarations « ouvertement politiques ou militantes » ou tout ce qui représente un risque pour la réputation d’un lieu subventionné pourraient entraîner un retrait des financements.

Passés inaperçus, ces changements ont été relayés par un article d’Arts Professionnal qui a provoqué de vives réactions. La communauté artistique y a vu une atteinte à la liberté d’expression. Certains ont même interprété ces changements en relation aux commentaires d’artistes par rapport à la guerre à Gaza. « Je suis un artiste qui a organisé de nombreuses expositions collectives et individuelles dans des espaces financés par l’ACE et je suis scandalisé par cette décision, a publié sur Instagram l’artiste Sam Keogh, qui a pris position en faveur de la Palestine. C’est de la censure. Et cela se produit au milieu d’un génocide. »

Intentions mal comprises ou censure ?

Face à ces vives réactions, l’ACE a annoncé mi-février sa volonté de modifier « certaines formulations » pour mieux expliquer son intention initiale. Laura Dyer, la directrice générale adjointe de l’ACE, a déclaré à la BBC que l’agence défend la liberté d’expression des artistes, mais que ce principe posait des défis aux organisations financées par l’agence. Certaines d’entre elles auraient fait remonter des difficultés liées à la polarisation des points de vue, notamment sur les réseaux sociaux. Laura Dyer explique ainsi que l’objectif n’est pas de censurer les artistes mais de proposer des solutions à leurs partenaires en cas de réactions polarisées, pour le bien-être du personnel et du public.

Cependant la communauté artistique critique bien le fond de la réforme et non sa présentation. L’annonce d’une reformulation n’a fait qu’échauffer les esprits. « La menace qui pèse sur la liberté artistique est rarement intentionnelle dans une société démocratique, a commenté Denise Fahmy, co-directrice de Freedom in the Arts, un lobby pour la défense des artistes. La censure s’insinue par l’absence de protection de la liberté artistique. »

L’ACE est chargée de la redistribution de 543 millions de livres (634 M€) d’argent public et de 253 millions de livres (295 M€) du National Lottery Fund.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°628 du 1 mars 2024, avec le titre suivant : L’Art Council England accusé de menacer la liberté d’expression

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