Royaume-Uni - Commande publique - Politique culturelle

Une enquête sur la précarité des artistes en Grande-Bretagne 

Par Alexandre Clappe · lejournaldesarts.fr

Le 15 mars 2023 - 456 mots

LONDRES / ROYAUME-UNI

Le rapport réalisé par un collectif dénonce la sous-rémunération des commandes publiques aux artistes.

Carl Spitzweg, Le pauvre poète, 1839, huile sur toile, 36 x 44 cm, Neue Pinakothek, Munich. © Photo Yelkrokoyade, CC BY-SA 4.0.
Carl Spitzweg, Le pauvre poète, 1839, huile sur toile, 36 x 44 cm, Neue Pinakothek, Munich

Un rapport dénonce la faible rémunération et les conditions de travail des artistes dans la commande publique artistique au Royaume-Uni. Le rapport est coécrit par deux artistes, anonymes, et publié par The Artists Information Company, un collectif qui représente et défend les artistes. 

Intitulé « Structurally F*cked », il est issu d'une enquête, elle aussi anonyme, en ligne menée auprès d’une centaine d'artistes visuels du pays, dont les commandes sont financées par de l’argent public (œuvres, expositions, conférences ou ateliers éducatifs). Le questionnaire invitait les artistes à partager leurs expériences et indiquer leurs honoraires. Les données obtenues illustrent selon le rapport « une culture de faibles rémunérations, de travail non payé et d'exploitation systémique ».

L'étude révèle que de nombreux artistes, en particulier ceux issus de milieux peu favorisés, doivent cumuler plusieurs emplois pour accompagner ces commandes mal rémunérées. Plus de 70 % des personnes interrogées ont déclaré percevoir des honoraires inférieurs au salaire minimum, et estiment que les honoraires reçus par les artistes sont trop faibles. Ainsi, le taux horaire médian est de 2,60 livres (un peu moins de 3 euros), ce qui est nettement inférieur au salaire minimum de 9,50 livres sterling en vigueur dans le pays. Par ailleurs, les montants sont forfaitisés, ne prenant pas en compte les nombreuses heures de travail dans la commande. Certaines personnes ont raconté avoir décidé de quitter le monde de l'art « pour protéger leur santé mentale et leur sécurité financière »

Le rapport explique cette précarisation par le sous-financement chronique des institutions artistiques publiques. Confrontées à des budgets de plus en plus réduits, elles semblent répercuter cette baisse sur les artistes et leurs travailleurs du bas de l’échelle. Ce qui influe également sur la composition sociologique du milieu artistique britannique. Les données récentes de l'Office des statistiques nationales confirmaient la diminution rapide de la proportion de personnes issues de la classe ouvrière parmi les acteurs, écrivains, musicien et artistes visuels.

« Structurally F*cked » propose de nouvelles façons, pour les institutions financées par des fonds publics, de mieux travailler avec les artistes. Il demande aux commissaires de s'engager à payer les artistes au moins au salaire minimum et de travailler à l'introduction d'un « salaire de subsistance pour les artistes et les free-lances ». Il appelle également à une transparence dans le secteur en demandant aux institutions de ventiler les montants forfaitaires en taux horaires et journaliers.

L'Arts Council England, l’organisme public qui supervise le système de financement des arts en Angleterre, et qui dépend du Ministère de la culture, des médias et du sport, a réagi en déclarant au Guardian qu'il s'engagerait à veiller à ce que les personnes qui travaillent dans le secteur culturel et créatif soient correctement et équitablement rémunérées.
 

Tous les articles dans Actualités

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque