Politique

France et Italie main dans la main pour célébrer Léonard de Vinci

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 29 avril 2019 - 606 mots

FRANCE / ITALIE

Qui mieux que Léonard de Vinci pour réconcilier la France et l'Italie ? Les présidents Macron et Mattarella vont commémorer ensemble jeudi en Touraine le 500e anniversaire de la mort du génie de la Renaissance, l'occasion d'aplanir les tensions entre les deux pays.

La tombe de Léonard de Vinci située dans la chapelle Saint-Hubert du Château d'Amboise
La tombe de Léonard de Vinci située dans la chapelle Saint-Hubert du Château d'Amboise
Photo Wikimedia

Le 2 mai 1519, le peintre et savant génial (né en 1452) s'éteignait dans le château du Clos-Lucé d'Amboise, un peu plus de trois ans après avoir été invité en France par le roi François Ier. Emmanuel Macron, accompagné de son épouse Brigitte et du ministre de la Culture Franck Riester, accueillera son homologue italien Sergio Mattarella sur la tombe du peintre.

L'artiste repose depuis la Révolution à la chapelle Saint-Hubert du château royal d'Amboise. Sa dépouille avait été escortée en 1519, selon ses dernières volontés, par soixante pauvres portant des torches, dans la collégiale Saint-Florentin, détruite durant la Révolution. 

Après des visites au château royal d'Amboise et à celui du Clos-Lucé où ils déjeuneront, les deux chefs d'Etat se rendront à Chambord où seront rassemblés 500 jeunes français et italiens pour célébrer la Renaissance. L'architecte star Renzo Piano, l'écrivain Alessandro Baricco et l'astronaute Thomas Pesquet sont aussi conviés à célébrer les liens franco-italiens.

Début mars, M. Macron avait convié M. Mattarella à Amboise pour cet anniversaire, et aussi à Chambord, plus grand château de la Loire, dont le chantier a débuté quelques mois après la mort de Léonard mais qui se serait inspiré pour une part de ses plans architecturaux.

Des tensions avaient éclaté cet hiver entre la France et le gouvernement populiste italien au sujet de l'immigration clandestine, de soutiens manifestés en Italie au mouvement des "gilets jaunes", mais aussi en raison de bisbilles culturelles, Rome reprochant à la France ce qu'il ressentait comme une appropriation de l'héritage du grand peintre italien. 

Léonard l'Européen

La secrétaire d'Etat italienne à la Culture, Lucia Borgonzoni, membre de La Ligue, avait déclenché la polémique en semblant remettre en question en novembre 2018 un accord prévoyant que l'Italie prête à la France ses tableaux de Léonard de Vinci pour une grande exposition prévue en octobre au Louvre. "Léonard est Italien, il est seulement mort en France", avait-elle expliqué. L'accord bilatéral prévoit que la France prête en échange des oeuvres de Raphaël pour une exposition prévue en 2020 au Musée du Quirinal à Rome.

Une rencontre fin février à Milan entre les ministres de la Culture Alberto Bonisoli et Franck Riester avait permis d'apaiser les tensions, qualifiées de malentendus, Rome insistant notamment sur sa volonté d'assurer dans les meilleures conditions le transport d'oeuvres rares et fragiles. Les discussions sont toujours en cours entre les musées sur ces échanges en vue des deux expositions. "On a convenu de travailler avec les musées français et italiens pour voir quelles sont les modalités d'échange et de prêt de tableaux de Léonard, de tableaux de Raphaël, de façon très concrète, très pragmatique, en fonction des questions scientifiques, techniques et des possibilités de dates d'exposition dans nos deux pays sur ces deux grands artistes", avait indiqué M. Riester à Milan.

La rencontre entre les deux présidents en Touraine s'inscrit dans le contexte des élections européennes, avec comme perspective possible une poussée des populistes identitaires dans le futur Parlement européen. En invitant son homologue italien, chrétien démocrate proche de la gauche modérée, pro-européen, Emmanuel Macron manifeste que l'amitié franco-italienne transcende les querelles entre gouvernements, comme en témoigne la figure de Léonard, peintre italien mais que la France a adopté avec enthousiasme, et son oeuvre, patrimoine culturel italien mais aussi européen, qui se trouve répartie dans plusieurs musées du continent.

Par Jean-Louis de La Vaissière

Cet article a été publié par l'AFP le 28 avril 2019.

Thématiques

Tous les articles dans Actualités

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque