Politique

L’Homme de Vitruve, symbole de la fin des tensions culturelles franco-italiennes

Par Olivier Tosseri, correspondant en Italie · lejournaldesarts.fr

Le 23 septembre 2019 - 386 mots

PARIS

Le ministre de la Culture italien vient en France demain et confirmera le prêt du célèbre dessin de Léonard.

Léonard de Vinci, L'Homme de Vitruve (détail), c .1490, plume et lavis, 34 x 26 cm, Galleria dell’Accademia de Venise. © Luc Viatour
Léonard de Vinci, détail de L'Homme de Vitruve, c .1490, plume et lavis, 34 x 26 cm, Galleria dell’Accademia de Venise.

Pour sceller le rapprochement entre la France et l’Italie après la pire crise diplomatique entre les deux pays depuis la Seconde Guerre mondiale, un dessin vaut mieux qu’un long discours. Plus préciséement un dessin réalisé à la plume et à l'encre sur un papier de 34 × 24 cm par Léonard de Vinci en 1490. L’Homme de Vitruve  sera le troisième homme le plus important de la rencontre demain  mardi à Paris entre le ministre de la culture Franck Riester et son homologue Dario Franceschini. Ce dernier vient de retrouver son poste dans un gouvernement italien qui a troqué le souverainisme exacerbé, y compris dans le domaine de l’Art, pour un européanisme affiché.  

Avant de quitter le Ministère des biens et activités culturelles (MIBAC) en 2018, Dario Franceschini avait négocié un accord avec le ministère français de la Culture pour prêter des œuvres à l’occasion de la grande exposition organisée au Louvre du 24 octobre 2019 au 24 février 2020 célébrant les 500 ans de la disparition de Léonard de Vinci. Un accord remis en cause par le précédent gouvernement populiste à Rome. « Léonard est Italien, il est seulement mort en France », avait déclaré en début d'année le sous-secrétaire au ministère de la Culture, Lucia Borgonzoni, membre de la Ligue. « Le prêt de tableaux au Louvre placerait l'Italie à la marge d'un événement culturel majeur. » Un souverainisme culturel soutenu par l’ancien ministre Alberto Bonisoli, proche du M5S, qui critiquait un accord déséquilibré. 

Léonard de Vinci, L'Homme de Vitruve, c .1490, plume et lavis, 34 x 26 cm, Galleria dell’Accademia de Venise. © Luc Viatour
Léonard de Vinci, L'Homme de Vitruve, c .1490, plume et lavis, 34 x 26 cm, Galleria dell’Accademia de Venise.

Il sera définitivement entériné mardi par Dario Franceschini qui apportera en gage la promesse du prêt de L’homme de Vitruve. Il quittera donc les réserves du cabinet des dessins et des estampes des Galleria dell'Accademia de Venise où il est jalousement conservé. Extrêmement fragile, il est très rarement exposé à la lumière. La dernière fois remonte à 2013 et il n’avait pas été présenté lors de l’exposition universelle de Milan en 2015 qui avait mis à l’honneur Léonard de Vinci. A Paris, il ne le sera que huit semaines pour retourner ensuite dans l'obscurité protectrice de son caveau. En échange, la France enverra l'an prochain des oeuvres de Raphaël pour les commémorations du 500e anniversaire de la mort du peintre organisées en Italie. 

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