Justice

La Suisse refuse de remettre un tableau attribué à Léonard à l’Italie

Par Antonin Gratien · lejournaldesarts.fr

Le 4 juin 2019 - 348 mots

SUISSE

Le tribunal fédéral suisse a jugé que le Portrait d’Isabelle d’Este n’avait pas été exporté illégalement d’Italie.

<em>Portrait d’Isabelle d’Este</em> : à gauche le dessin (1500) préparatoire de Léonard de Vinci,collection musée du Louvre ; à droite le tableau attribué à Léonard de Vinci, vers 1500-1515, collection privée.
Portrait d’Isabelle d’Este : à gauche le dessin (1500) préparatoire de Léonard de Vinci,collection musée du Louvre ; à droite le tableau attribué à Léonard de Vinci, vers 1500-1515, collection privée.
Photo Wikimedia

Le Portrait d’Isabelle d’Este n’est pas prêt de rejoindre les collections publiques romaines. Mercredi 29 mai, le tribunal fédéral de Suisse a décidé qu’il ne remettrait pas au gouvernement italien l’huile attribuée par certains à Léonard de Vinci.

Les autorités italiennes réclamaient l’oeuvre après avoir condamné en 2017 sa propriétaire, Emidia Cecchini, pour avoir exporté illégalement le tableau, depuis l’Italie vers son voisin du Nord. La justice suisse a, de son côté, jugé que ce transfert était conforme à sa législation nationale, et qu’en conséquence le tableau devait rester chez sa propriétaire.

L’intérêt de la justice pour le Portrait d’Isabelle d’Este remonte à 2013. Cette année-là, la police italienne découvrait qu’Emidia Cecchini avait déménagé la toile par-delà les Alpes. Conservé dans un coffre-fort dans le sud de la Suisse, le tableau devait être vendu au prix minimum de 95 millions d’euros par l’intermédiaire d’un avocat mandaté.

En février 2015, alors que des négociations étaient en cours, le portrait était saisi à Lugano dans le cadre d’une enquête pour exportation illégale. Police suisse et parquet italien avaient travaillé conjointement sur l’intervention, en réponse à une demande d’entraide judiciaire internationale formulée par l’Italie.

Deux ans plus tard, la justice italienne condamnait Emidia Cecchini à un an de prison pour transfert d’objet culturel sans licence d’exportation. Dans ces circonstances, la loi italienne prévoit une confiscation, par le gouvernement, des œuvres frauduleusement exportées.

Un jugement de première instance avait été rendu en ce sens par le tribunal de Tessin en 2018. Toutefois, après un recours en appel des avocats d’Emidia Cacchini, le tribunal fédéral de Suisse a infirmé cette décision le 13 mai dernier au motif que le Portrait d’Isabelle d’Este n’est pas dans l’inventaire fédéral de Suisse ou d’un équivalent italien. Seules les œuvres référencées dans ce type de registre, selon la loi suisse sur le transfert des biens culturels, sont interdites d’exportation sans approbation de l’Office fédéral de la culture. Puisque son transfert n’a pas été jugé illégal, Emidia Cacchine devrait retrouver prochainement sa toile. 

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