Spécial Covid-19 - Société

Aux États-Unis, le monde culturel dans la course aux subventions

Par Alexis Buisson, correspondant à New York · lejournaldesarts.fr

Le 17 avril 2020 - 662 mots

ÉTATS-UNIS

Washington apporte une aide de 75 millions de dollars au secteur culturel, alors que les professionnels demandaient 4 milliards.

Le musée d'art de Birmingham, Alabama, États-Unis. © Birmingham Museum of Art
Le musée d'art de Birmingham, Alabama, États-Unis.

Après le choc de la fermeture forcée, voici venu le temps des démarches administratives pour les organisations artistiques et culturelles américaines. Ces dernières sont actuellement à pied d’oeuvre pour obtenir les précieuses aides publiques votées, fin mars, par le Congrès des Etats-Unis dans le cadre du paquet de soutien - historique - de 2 200 milliards de dollars.

Parmi les dispositifs prévus par le « CARES (Coronavirus Aid, Relief, and Economic Security) Act » : 75 millions de dollars de subventions attribuées aux organisations à but non-lucratif par le National Endowment for the Arts (NEA), l’agence fédérale chargée de financer des projets artistiques et culturels. 40 % de l’enveloppe sera donnée à des agences régionales ou d’Etats pour être réparties localement ensuite. Le reste sera distribué directement à des entités soutenues par le NEA dans le passé.

« Nous sommes en plein dans la constitution de notre dossier », raconte Graham Boettcher, directeur du Musée d’art de Birmingham (Alabama). Comme les autres musées américains, l’établissement a connu une baisse importante de ses revenus à la suite de sa fermeture temporaire pour cause de Covid-19. Le soutien du NEA ne sera pas de trop, mais le directeur ne se fait guère d’illusion. « Après la crise de 2008, le NEA a donné 50 millions de dollars pour soutenir les entités à but non lucratif. Aujourd’hui, nous n’avons que 25 millions de dollars de plus. La somme n’est pas à la hauteur de cette crise et des besoins d’un secteur qui pèse 4,5 % du PIB », affirme-t-il.

L’Alliance of American Museums (AMM) et d’autres groupes représentant le secteur des arts et de la culture réclamaient 4 milliards de dollars au Congrès.

Outre les subventions du NEA, ils ont également obtenu une enveloppe équivalente pour le National Endowment for the Humanities (NEH), l’agence spécialisée dans la recherche et l’éducation, sans compter 100 autres millions de dollars pour l’audiovisuel public et la salle de spectacles de Washington, le Kennedy Center.

Ce montant a été critiqué par certains au sein du parti républicain, dont l’ancienne ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU Nikki Haley. Elle s’est demandé dans un tweet « combien de particuliers aurait-on pu aider en plus » avec l’argent destiné au NEH et au NEA.

« Il y a encore du chemin à faire, mais c’est un bon premier pas. C’est autant d’argent qui va être utilisé sur le terrain », estime Ann Graham, directrice de Texans for the Arts, une association texane de promotion des arts, à propos des subventions.

Ces dernières ne sont pas les seules aides dont peut bénéficier le secteur culturel. Plusieurs autres dispositifs sont en place, dont des prêts « désastre » pour les PME et le « Paycheck Protection Program », un système de prêts accordés par les banques aux entreprises de moins de 500 employés pour couvrir, en principe, 2,5 mois de salaires. Mais, mercredi, les 349 milliards de dollars alloués à ces prêts par le gouvernement avaient presque tous été dépensés. Et Démocrates et Républicains ne parvenaient pas à se mettre d’accord sur un nouveau montant.

La galeriste française Josée Bienvenu, fondatrice de la galerie du même nom à Chelsea (New York), ne peut pas bénéficier des subventions du NEA étant propriétaire d’une galerie commerciale, mais elle espère obtenir « entre 10 000 et 20 000 dollars » sous formes de prêts. En temps normal, elle emploie trois personnes et plusieurs travailleurs indépendants. « Quand la crise économique de 2008 a frappé, nous avions des réserves d’argent car nous sortions d’une période faste. Depuis, les loyers ont augmenté à New York, les foires sont plus chères. Nous ne pouvons pas nous reposer sur nos réserves comme avant », explique-t-elle. Aujourd’hui, elle espère que l’Etat de New York décrétera la suspension des loyers commerciaux pour aider les petites entreprises comme la sienne. « J’ai l’impression qu’il y a une mobilisation pour les artistes, mais pas pour les galeries. Nous sommes vus comme des commerces, qui n’ont pas besoin d’aide ».

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