Polémique autour du legs Rouart

L’exposition à Marmottan n’est pas menacée

Le Journal des Arts

Le 1 mars 1997 - 383 mots

Depuis six mois, le legs d’Annie Rouart au profit du Musée Marmottan est contesté par l’un de ses neveux. La justice pourrait se prononcer sur la recevabilité de son action le 13 de ce mois.

PARIS - Décédée sans enfant en 1993, Annie Rouart avait décidé que sa collection riche d’environ 130 œuvres impressionnistes, comprenant des toiles de Manet, Morisot, Degas, Monet, Corot..., serait léguée à l’Académie des beaux-arts et confiée au Musée Marmottan (lire le JdA n° 14, mai 1995). Petite-fille par alliance de Berthe Morisot, Annie Rouart avait d’abord imaginé une fondation puis avait préféré un legs, avec Olivier Daulte et Daniel Wilden­stein pour exécuteurs testamentaires. Depuis 1994, date à laquelle l’information a été révélée, on a réalisé l’inventaire patrimonial, réglé la succession, et le ministère de la Culture a officialisé le legs par décret en novembre dernier, pendant que le Musée Marmottan restaurait et réencadrait les œuvres afin de les présenter au public à l’automne prochain.

Considérant que cette succession s’éternisait, Yves Rouart, l’un des trois neveux de la testatrice, tentait en décembre de faire nommer un administrateur provisoire. En vain. Seconde offensive en février, Yves Rouart menace de déposer plainte à propos de la "disparition" de trois Manet et de deux Corot. Il se fonde sur des photographies de l’appartement de sa tante, datant d’une trentaine d’années. Mais rien ne permet d’affirmer que lesdites œuvres étaient encore dans l’appartement de Neuilly au moment de son décès, et ces œuvres ne font pas partie du legs. Annie Rouart hérita, il est vrai, de l’essentiel de sa collection, mais acheta un peu – notamment un Nymphéas de Monet – et vendit probablement. Enfin et surtout, Yves Rouart, bénéficiaire d’un legs particulier de la défunte touchant aux biens meubles, voudrait amener la justice, à contre-courant de toute la jurisprudence, à considérer que tout ou partie de ces 130 œuvres disposées dans un appartement en constituaient aussi les biens meublants. Le Tribunal de grande instance de Nanterre se prononcera le 13 mars sur la recevabilité de la plainte contre X qu’aurait déposée Yves Rouart, à moins que ce dernier demande lui-même un nouveau report pour mieux préparer ses motifs. Les œuvres léguées seront présentées à Marmottan lors d’une importante exposition inaugurée, sauf accident majeur ou procédure incertaine, le 27 septembre 1997. Enfin !

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°34 du 1 mars 1997, avec le titre suivant : Polémique autour du legs Rouart

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