Succession Rouart : le mystère enfin éclairci ?

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 17 décembre 1999 - 425 mots

Par le plus grand des mystères, une partie des œuvres disparues de la famille Rouart, dynastie de grands collectionneurs descendant des peintres Édouard Manet et Berthe Morisot, a été retrouvée en Suisse, dans le coffre de François Daulte, l’expert de Renoir. En vertu d’un accord, l’héritier Rouart et l’Académie des beaux-arts se partageraient les tableaux.

PARIS. Une vingtaine de tableaux et dessins ont réapparu dans une banque suisse lors de l’inventaire de succession d’un coffre appartenant à François Daulte, expert de Renoir, mort le 18 avril 1998. Ces 24 œuvres de la succession Rouart, avec une dizaine d’autres, avaient été portées manquantes à l’issue d’un inventaire en 1993 par Yves Rouart, neveu d’Anne-Marie Rouart. Cette dernière avait légué à l’Académie des beaux-arts de l’Institut de France l’ensemble de sa collection (près de 140 œuvres impressionnistes) pour la création de la Fondation Rouart – qui existe depuis 1997 au Musée Marmottan – et laissé à son neveu tous les “meubles meublants” de son appartement de Neuilly. Réalisé par les deux exécuteurs testamentaires, Olivier Daulte, fils de François, et Guy Wildenstein, un inventaire mêle les tableaux conservés dans les coffres et destinés à l’Institut à ceux de l’appartement, définis comme meubles meublants par le code civil et réclamés à ce titre par Yves Rouart. En dehors de trois petites toiles sans valeur et de trois sculptures léguées à Yves Rouart, le musée Marmottan possède l’ensemble de la collection Rouart. Or, ayant constaté la disparition d’une quarantaine d’œuvres, l’héritier a saisi la justice pour escroquerie à l’héritage, vol, recel, abus de confiance et tentative d’escroquerie au jugement. La juge Nelly Pauto-Pfister, chargée de l’affaire, vient d’être prévenue par Yves Rouart de la découverte il y a un an, en Suisse, de 24 des toiles disparues. À l’ouverture du coffre, Olivier Daulte et sa sœur Marianne Delafond, conservateur au Musée Marmottan, avaient immédiatement signalé que les œuvres n’appartenaient pas à leur père. À partir de l’inventaire Pacitti des biens de Julie Manet, trouvé en novembre 1999, Yves Rouart peut aujourd’hui prouver qu’il s’agit bien des tableaux de sa famille. Il souhaite les récupérer, tout comme l’Académie des beaux-arts. Mais pour éviter d’entrer à nouveau dans la polémique de l’héritage, les deux parties ont décidé de s’entendre “pour permettre un retour des tableaux en France”, rapporte le conseil de l’Académie des beaux-arts, Me Jean-Marc Varaut. Aussi, après accord, l’héritier Rouart pourrait conserver la plupart des œuvres, à l’exception des plus importantes qui iraient au Musée Marmottan, comme “la Tahitienne de Gauguin, deux portraits de Manet et un paysage de Corot”.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°95 du 17 décembre 1999, avec le titre suivant : Succession Rouart : le mystère enfin éclairci ?

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