Une histoire de famille

La collection Rouart achève d’être dispersée à Montaigne

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 24 octobre 1997 - 516 mots

Le dernier acte de la collection Rouart se jouera à Drouot Montaigne le 27 novembre. Une vingtaine de tableaux et dessins de Berthe Morisot, Degas, Gauguin, Manet… y seront dispersés par Mes Ferri et Lefèvre. Cette collection, estimée à plus de quarante millions de francs, sera mise aux enchères avec une vingtaine d’autres tableaux jamais passés en vente depuis quarante ans. La vacation, dont le produit attendu s’élève à près de soixante millions de francs, constituera certainement la plus belle adjudication organisée à Drouot en cette fin d’année et pourrait même se révéler historique.

PARIS - Les vingt-sept œuvres impressionnistes et modernes provenant de la succession de Madame Julien Rouart constituent, selon Me Lefèvre, "une collection de légende". D’abord, parce que leur dispersion marquera la fin d’une belle histoire : celle de trois générations de collectionneurs. Mais surtout en raison du caractère exceptionnel des pièces présentées.

Elles avaient échappé à une première dispersion en 1912, lorsqu’Ernest Rouart racheta une partie des tableaux rassemblés par son père qui étaient mis aux enchères par la galerie Manzi-Joyant, comme cet­te aquarelle d’Ho­noré Daumier rehaus­sée à la plume, Au théâtre, estimée 800 000 francs, ou le Portrait de Julie Manet au chat par Pierre Auguste Renoir, un dessin au fusain estimé 500 000 francs. Henri Rouart est en effet à l’origine de "cet exceptionnel trésor". Bénéficiant des conseils de son ami Degas, ce polytechnicien et chef d’industrie avait réuni "des tableaux et dessins d’une exceptionnelle fraîcheur", tel Paysage aux chevaux (1901), une huile sur toile de Gauguin estimée 20 millions de francs, ou cette autre de Claude Monet, Le Geldersekade à Amsterdam l’hiver, proposée à 2 millions de francs. Il avait également acquis certaines œuvres auprès de Degas, notamment Dans les coulisses (1822-1825), un pastel coté 10 million de francs, ainsi que ce Portrait d’Édouard Manet, dessin à la pierre noire estimé 1,5 million de francs.

Son fils, Ernest Rouart, ne s’est pas contenté de préserver la collection familliale. Grâce à sa femme Julie Manet – fille de Berthe Morisot (1841-1895) et d’Eugène Manet, frère d’Édouard –, il l’a dotée d’un des fonds les plus importants d’œuvres de la femme peintre impressionniste. Le Musée Mar­mottan vient d’ailleurs de s’enrichir du legs de Denis et Annie Rouart et d’un don de Julien Rouart, les petits-enfants de Berthe Morisot, soit 140 œuvres de Morisot, Degas, Manet, Renoir... qui sont exposées jusqu’au 28 février.

La vacatation du 27 no­vembre proposera une vingtaine d’œuvres de Berthe Morisot, parmi lesquelles une Marine en Angleterre, à 800 000 francs, La broderie, à 700 000 francs, et Fillette à la chèvre, à 500 000 francs. Mes Ferri et Lefèvre disperseront également une vingtaine d’autres tableaux du XIXe siècle, dont trois huiles de Renoir – Vase à fleurs à 5 millions de francs ; Portrait de Pierre Renoir à 1,5 million de francs et Nature morte aux fruits à 300 000 francs – ; La source de Corot, estimée 700 000 francs ; un Portrait au béret rouge par Kiesling, estimé 200 000 francs, et la Sortie du grand canal de Venise de Ziem, estimée 100 000 francs

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°46 du 24 octobre 1997, avec le titre suivant : Une histoire de famille

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