Royaume-Uni - Archéologie

Des archéologues irakiens formés à Londres pour sauver le patrimoine de Mossoul

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 21 février 2017 - 505 mots

LONDRES [21.02.17] - Les forces irakiennes se battent pour reprendre Mossoul des mains du groupe jihadiste Etat islamique, et au British Museum de Londres des archéologues préparent déjà une autre bataille : sauver ce qu'ils pourront du patrimoine de la deuxième ville d'Irak.

En pointe sur l'étude de l'Irak, pays souvent décrit comme le berceau de la civilisation, le musée londonien forme depuis un an des experts irakiens aux dernières technologies afin de conserver et de documenter au mieux leur héritage culturel.

"Quand la ville sera libérée, il y aura un vaste plan de reconstruction du Musée de Mossoul ", dont des trésors pré-islamiques ont été saccagés, explique à l'AFP Sebastien Rey, du Programme de formation du British Museum. " Un des participants à notre programme sera le premier archéologue à pénétrer dans le musée et à y évaluer les dégâts", poursuit-il, alors que les forces irakiennes ont lancé dimanche une offensive pour reprendre la partie ouest de Mossoul, après avoir repris le contrôle de la partie est.

Le programme, qui doit durer cinq ans, vise à former 50 experts irakiens pour le jour où les sites archéologiques de Mossoul seront repris à l'EI par les forces irakiennes, explique son directeur, Jonathan Tubb. "Nous voulions faire quelque chose de constructif face à certaines des plus effroyables destructions auxquelles on ait assisté", souligne-t-il, en référence aux différents sites saccagés par les jihadistes ces dernières années.

En Irak, en Syrie et au Mali, ces derniers ont ciblé plusieurs sites archéologiques classés au Patrimoine mondial de l'Unesco, comme les mausolées de Tombouctou et les temples de Palmyre.

Lancé en janvier 2016, le programme du British Museum forme des archéologues irakiens sur un semestre, divisé entre trois mois à Londres et trois mois en Irak. Les recrues, formées outre-Manche à l'imagerie satellite et à la cartographie numérique, partent ensuite tester leur acquis en Irak. " La formation est très utile et bénéfique pour nous. Nous pouvons utiliser les outils que nous obtenons ici ", a déclaré à l'AFP Halkawt Qadir Omer, l'un des participants.

Un des experts passés par le programme mène désormais le travail d'évaluation des dégâts causés sur les ruines de Nimroud, joyau de l'empire assyrien fondé au XIIIe siècle et détruit au bulldozer, à la pioche et à l'explosif par l'EI.

A Darband-i Rania, au Kurdistan irakien (nord), de nouvelles fouilles ont permis la découverte d'une ville fortifiée de "l'époque parthe, soit plus ou moins l'époque du Christ", explique John MacGinnis, un archéologue du musée.

Le British Museum est impliqué de longue date dans la sauvegarde des trésors de l'histoire irakienne. Il avait dès 2003 mis en garde contre le pillages du patrimoine culturel du pays, et dénoncé en 2005 les dégâts causés dans la cité antique de Babylone par la présence des armées américaine et polonaise qui en avaient fait un camp militaire.

Le musée appelle également depuis longtemps le Royaume-Uni à ratifier une convention internationale sur la protection des biens culturels historiques dans les zones de conflit, actuellement en discussion au Parlement de Westminster.

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Le dôme du British Museum à Londres © Photo Eric Pouhier - 2009 - Licence CC BY-SA 3.0

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