Un jumeau numérique pour Notre-Dame

L’accord entre le ministère de la Culture et Microsoft a été signé le 21 juillet 2025. Un jumeau numérique de la cathédrale, élaboré en coopération avec la start-up française Iconem, sera donc offert à l’État français et intégré au futur Musée Notre-Dame de Paris. Selon Brad Smith, président de Microsoft, cela servira à « préserver de manière permanente sous forme numérique chaque détail de Notre-Dame, en veillant à ce que sa structure, son histoire et son symbolisme soient protégés et accessibles pour les générations à venir ».

La numérisation s’appuie sur des technologies avancées d’imagerie, combinant la photogrammétrie haute résolution, des relevés par drone et des algorithmes d’intelligence artificielle afin de restituer au plus près la réalité architecturale.

Trois acteurs principaux structurent le projet. Microsoft apporte son financement, ses capacités de calcul et ses solutions IA. Iconem coordonne la captation et l’assemblage du modèle 3D. Le ministère de la Culture pilote l’opération via l’Institut du patrimoine, assurant supervision scientifique, souveraineté des données et accès aux collections publiques. Microsoft fera don du modèle à l’état une fois le projet terminé.

Lors de l’incendie de 2019, l’absence d’un modèle numérique exhaustif avait complexifié la restauration. Si des relevés partiels existaient, réalisés notamment par laser scanning dès 2012, l’ampleur du sinistre a révélé leur insuffisance face aux enjeux de précision et de transmission. La réouverture récente de la cathédrale, après cinq ans et demi de travaux, a conforté l’intérêt d’un jumeau numérique pour accélérer diagnostics, interventions futures et documentation scientifique.

L’intelligence artificielle occupe une place transversale : elle permet l’assemblage massif des données, l’optimisation du rendu 3D, la détection d’usures ou défauts et, surtout, la comparaison temporelle des états du monument. « Ce sera une ressource historique essentielle, utilisable dans un, deux ou même trois siècles », pointe Brad Smith.

Les finalités de cette numérisation sont multiples : maintenance prédictive fondée sur l’analyse des microfissures, création d’expériences XR (« Extended Reality ») pour le public, et facilitation des recherches interdisciplinaires sur les matériaux ou l’évolution du bâti. Le modèle créé sera intégré dans le musée dédié à Notre-Dame, mais aussi partagé avec les institutions scientifiques et patrimoniales tant pour la formation que pour la documentation.

L’opération suivra le modèle mis en œuvre pour la basilique Saint-Pierre de Rome, où plus de 400 000 images traitées par des algorithmes IA ont permis l’élaboration d’un modèle numérique d’une précision inédite. Les deux entreprises du projet Notre-Dame, Microsoft et Iconem, avaient déjà réalisé des copies numériques du Mont-Saint-Michel (2018) ou du site d’Olympie en Grèce (2022), systématisant l’emploi du jumeau numérique comme outil muséal, scientifique et pédagogique. La numérisation à Notre-Dame ambitionne de devenir une ressource de référence, tant pour la France que pour la communauté scientifique internationale.

Des collaborations annexes sont prévues avec la Bibliothèque nationale de France pour la numérisation de décors d’opéra, prolongeant la logique d’écosystème numérique autour du patrimoine.