Musée

Saint-Malo abandonne son projet de Musée d’histoire maritime 

Par Charles Roumégou · lejournaldesarts.fr

Le 17 juin 2021 - 674 mots

SAINT-MALO

Déjà modifié en 2019, deux ans après son adoption, le projet s’avère insoutenable pour les finances de la cité corsaire.

Projet du Musée d'histoire maritime de St Malo par Kengo Kuma. © Kengo Kuma & Associates / Ville de Saint-Malo
Projet du Musée d'histoire maritime de St Malo par Kengo Kuma.
© Kengo Kuma & Associates / Ville de Saint-Malo

Le parcours mouvementé du Musée d’histoire maritime (MHM) de Saint-Malo prend fin : la municipalité (LR) a annoncé, le 8 juin dernier, renoncer à son édification, dont la conception avait été confiée trois ans plus tôt à l’architecte japonais Kengo Kuma. Le coût de construction, évalué à près de 45 millions d’euros dont 21 pour le seul bâtiment accueillant le musée, a sonné le glas du projet.

« Après analyse des [40] offres remises dans les délais, le coût estimatif des travaux s'élève aujourd'hui à plus de 21 millions d'euros HT. Cela correspond à une augmentation de l'ordre de 46 % par rapport au coût d'objectif de 14,4 millions d'euros HT proposé par le maître d’œuvre et validé par la maîtrise d’ouvrage en 2019 », explique la Ville de Saint-Malo dans un communiqué.

En gestation depuis plus de quinze ans, le Musée d’histoire maritime est un véritable serpent de mer de la cité corsaire. Officiellement adopté en février 2017 par la précédente municipalité (DVD), le projet avait été initialement doté d’un budget de 30,3 millions d’euros – musée, réserves, muséographie, mobiliers, matériels – dont 12,7 millions pour la construction du musée. 

Les projections architecturales présentent alors un édifice composé de trois hangars superposés, décalés en encorbellement sur ses façades sud et ouest, en harmonie avec l’environnement industriel du port, à l’abord du bassin Duguay-Trouin, pour une superficie totale de 4 805 m². Composé de sept étages et culminant à 35 mètres de haut, la bâtiment – composé principalement de zinc et de bois – devait en principe être achevé en 2022 au terme d’un chantier de trois ans.

Toutefois, dès juin 2019 – après la dernière phase d’études de l’APD (avant-projet définitif) – le projet d’origine est d’ores et déjà amputé d’un niveau – 365 m² – et l’enveloppe allouée à sa construction passe à 14,4 millions d’euros, soit une hausse de 13 %. Pour autant, l’appel d’offres qui s’en suit en novembre de la même année n’est pas concluant : deux lots majeurs ne trouvent pas preneurs, tandis que d’autres accusent des surcoûts. La consultation est classée sans suite deux mois plus tard.

Un second appel d’offres est lancé dès mars 2020, lequel est aussitôt tué dans l’œuf avec la pandémie de Covid-19. Avec la nouvelle majorité élue à l’occasion des dernières élections municipales, la Ville de Saint-Malo relance un troisième appel d’offres en octobre dernier, en vain toujours. L’analyse approfondie des 40 offres conduirait à augmenter, une nouvelle fois, l’enveloppe de 2019 de 6,6 millions d’euros. Or, au regard des capacités financières de la Ville, la municipalité « ne peut se permettre d’augmenter de manière substantielle le budget qui lui est alloué ».

Un constat adoubé par les conclusions de la Direction régionale des finances publiques, sollicitée par la Ville afin de réaliser une analyse de l’impact financier du musée sur le budget communal pour les cinq ans à venir. Le verdict est alors sans appel : « les répercussions financières de la prise en compte du projet de musée seraient globalement significatives sur les équilibres financiers de la collectivité qui devrait recourir massivement aux emprunts dans le financement du projet », conclut la DRFIP.

L’abandon du projet par la municipalité ne plaît pas à tout le monde. L’amiral Pierre-Xavier Collinet, président de l’Association des amis du Musée d’histoire maritime, déplore « le risque de voir partir une bonne partie des collections, aujourd’hui non présentées au public et entreposées dans des réserves inadaptées, vers d’autres destinations ». « Il [est] urgent de relancer une réflexion sur un projet alternatif complet, et non pas seulement transitoire, crédible aux plans technique, budgétaire et partenarial, comme Saint-Malo et son territoire le méritent », ajoute-t-il.

Des mots entendus par le maire de la commune, Gilles Lurton. Si le projet porté par Kengo Kuma est abandonné, « le maire a d’ores et déjà mobilisé son équipe et les services municipaux pour mener une nouvelle réflexion permettant de conserver un projet ambitieux, tout en veillant à maîtriser le budget de la Ville », précise la municipalité.

Projet du  Musée d'Histoire Maritime de Saint-Malo 

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