Italie - Politique culturelle

POLITIQUE CULTURELLE ITALIENNE

L’Italie veut remettre des Italiens à la tête de ses grands musées

ITALIE

Malgré leur bon travail, les directeurs étrangers ne seront pas renouvelés.

Sylvain Bellenger. © Museo e Real Bosco di Capodimonte, 2018
Sylvain Bellenger.
© Museo e Real Bosco di Capodimonte, 2018

Italie. Changement attendu à la tête des grands musées italiens. L’appel à candidatures pour leur trouver un nouveau directeur a été publié le 16 juin dernier. Les candidatures devront être déposées d’ici le 14 juillet. Elles seront ensuite examinées par une commission de cinq experts. Jusqu’à dix candidats par musée seront sélectionnés, puis auditionnés en octobre. Le ministre de la Culture, Gennaro Sangiuliano, aura le dernier mot. Leurs décisions seront annoncées d’ici la mi-novembre.

De la Pinacothèque milanaise de Brera au Musée napolitain de Capodimonte en passant par les Offices florentins ou encore la Galleria nazionale d’arte moderna e contemporanea à Rome, dix des plus prestigieuses institutions culturelles de la Péninsule sont concernées. Des musées qui bénéficient depuis la réforme Franceschini de 2014 d’une plus large autonomie et surtout d’une plus grande internationalisation dans leur recrutement. Les plus importants sont en effets dirigés par des directeurs originaires de pays de l’Union européenne.

De quoi déranger la très souverainiste Giorgia Meloni arrivée au pouvoir à l’automne dernier avec le slogan « Les Italiens d’abord ». Son ministre de la Culture assurait en début d’année n’avoir « aucun préjugé envers les étrangers », mais cet ancien journaliste s’interrogeait aussi : « Je trouve particulier, et signe d’un certain provincialisme, le fait que les dix premières institutions culturelles italiennes soient dirigées par des étrangers. Comme si, dans le pays qui compte des universités reconnues dans le domaine du patrimoine culturel et de l’histoire de l’art, il n’y avait pas de profils compétents. »

La compétence des directeurs étrangers des musées transalpins n’est plus à démontrer et leur bilan est flatteur. Ils ne seront pourtant pas reconduits pour un troisième mandat. Le « principe de rotation » sera appliqué à la lettre et ne sera pas « adapté » comme le prévoit un décret du 27 novembre 2014. Pas de troisième mandat donc pour le Britannique James Bradburne à Milan, l’Allemand Eike Schmidt à Florence et le Français Sylvain Bellenger à Naples. Ils feront leurs adieux cet automne sans avoir démérité, mais surtout achevé le travail entrepris.

C’est en particulier le cas de Sylvain Bellenger qui a fait renaître le Musée de Capodimonte en redonnant toute sa splendeur à son parc, en créant de nouvelles structures de recherches, en attirant de nouvelles donations et en lançant un vaste programme de travaux. Un chantier pour réduire l’empreinte énergétique des bâtiments qui impose sa fermeture pendant deux ans et explique le prêt actuel au Louvre (jusqu’au 8 janvier 2024) de soixante-dix de ses plus beaux chefs-d’œuvre. La commission culture de la Chambre des députés italiens a recommandé de laisser provisoirement à Sylvain Bellenger le titre de commissaire d’exposition pour lui permettre de venir, en 2025, inaugurer le « Grand Capodimonte ». Une proposition qui n’a pour l’instant pas été accueillie favorablement. « Pour les prochaines nominations, nous penserons à des personnes plus étroitement liées au territoire tels que d’anciens surintendants », annonce le sous-secrétaire d’État à la Culture, Vittorio Sgarbi.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°614 du 23 juin 2023, avec le titre suivant : L’Italie veut remettre des Italiens à la tête de ses grands musées

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