Monument

Restauration

Les JO au secours du Grand Palais

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 10 mars 2015 - 719 mots

PARIS

Si les candidatures pour les Jeux olympiques ou l’Exposition universelle peuvent débloquer les travaux, ceux-ci supposent de fermer le bâtiment pendant au moins deux ans.

Jean-Paul Cluzel, président de la RMN-Grand Palais
Jean-Paul Cluzel
Photo Mirco Magliocca
© Grand Palais

PARIS - Enlisé pour cause de financement défaillant, le schéma directeur de restauration et d’aménagement du Grand Palais pourrait sortir de l’ornière grâce aux Jeux olympiques de 2024. Il est en effet prévu, dans le cas où la France est désignée, d’y organiser les compétitions d’escrime. Et, alors que le gouvernement joue parallèlement la carte de l’Exposition universelle de 2025, le bâtiment justement construit pour l’Exposition universelle parisienne de 1900 gagnerait tout autant à être rénové. Dans le rapport présenté en avril 2010 par Jean-Paul Cluzel qui venait quelques mois auparavant de prendre la présidence de l’établissement public réunissant la Réunion des musées nationaux et le Grand Palais, les travaux devaient commencer en 2012 pour s’achever en 2017. À la différence des schémas directeurs d’autres bâtiments historiques, celui du Grand Palais reposait à l’époque sur un autofinancement de 50 % via à un recours à l’emprunt. Car, situé au cœur de Paris dans un édifice prestigieux, le Grand Palais ne manque pas de clients, et gagne beaucoup d’argent. Les travaux ont notamment pour objectif d’optimiser l’utilisation de la nef et des galeries latérales afin d’augmenter les bénéfices et donc la capacité de rembourser l’emprunt.

Un chantier chiffré à 400 millions d’euros
Seul problème, mais il est de taille, l’État n’avait pas vraiment prévu d’inclure dans son budget les 50 % restants pour financer le chantier, soit 120 millions d’euros. Aussi, avec l’augmentation des contraintes budgétaires, le feu vert ne cesse d’être reporté. D’autant que, depuis, les coûts ont augmenté pour atteindre « 300 millions valeur 2013 et 400 millions valeur 2023 », selon Jean-Paul Cluzel. Autre difficulté, alors que le président tablait sur des travaux échelonnés dans le temps, sans fermeture de la grande nef, toutes les agences d’architecture sollicitées, et notamment l’agence LAN finalement choisie en février 2014, ont recommandé la construction d’une plate-forme logistique en sous-sol, ce qui suppose la fermeture du Grand Palais pendant au moins deux ans. Le rapport de la commission des Finances de l’Assemblée nationale d’octobre 2014 évoque lui une durée de deux ans et demi. Un scénario qui n’est pas pour réjouir les organisateurs de manifestations, à commencer par Reed Expositions, lequel capitalise beaucoup sur le lieu pour attirer exposants et visiteurs à l’occasion de la Fiac [Foire internationale d’art contemporain] ou de Paris Photo. Jean-Paul Cluzel affirme que l’établissement public à caractère industriel et commercial pourrait maintenant emprunter jusqu’à 150 millions d’euros sans que la fermeture du Grand Palais n’obère la capacité d’emprunt. Le plan aurait été validé par le Commissariat général à l’investissement en septembre 2014. Selon le président, le ministère de la Culture peut apporter 90 millions sur dix ans, mais il manque toujours 150 millions d’euros en valeur actuelle.

Mise aux normes
Une réunion interministérielle sur le dossier est prévue fin mars. Outre l’argument des JO ou de l’Expo 2025, Jean-Paul Cluzel entend mettre en avant la mise aux normes en matière de sécurité. Il y aurait urgence. Outre la protection du public et du bâtiment, ces indispensables travaux permettraient d’augmenter la jauge de visiteurs et donc les recettes commerciales des manifestations qui s’y tiennent. Il s’agit aussi de réaménager la circulation entre la nef et les Galeries nationales et de constituer un équipement culturel capable d’offrir une offre vaste et continue. Malheureusement, les résultats décevants de l’exercice 2014 après le bénéfice de 2,1 millions d’euros de 2013 – « nous serons à l’équilibre », affirme Jean-Paul Cluzel –, jettent une ombre sur les capacités d’emprunt de l’établissement public. Selon le président, cette performance médiocre s’explique par les mauvais résultats de l’activité librairie et une fréquentation moins importante des grandes expositions, phénomèmes conjugués à une augmentation de la masse salariale et à une baisse de la subvention publique. Il s’accroche cependant à une remarque privée du président François Hollande au Premier ministre Manuel Valls lors de l’inauguration en janvier de la Philharmonie : « Manuel, après la Philharmonie, c’est au tour du Grand Palais. » Le temps presse aussi pour celui « qui a consacré un quart de siècle » à la culture, il aimerait bien lancer ce chantier avant la fin de son mandat en janvier 2016. Il aura alors 69 ans.

Légende photo

Jean-Paul Cluzel, président de la RMN-Grand Palais. © Photo : Mirco Magliocca.

Consulter la fiche biographique de Jean-Paul Cluzel

Thématiques

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°431 du 13 mars 2015, avec le titre suivant : Les JO au secours du Grand Palais

Tous les articles dans Patrimoine

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque