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Le Musée du Grand Siècle sur les rails

Par Lorraine Lebrun · Le Journal des Arts

Le 9 novembre 2021 - 872 mots

SAINT-CLOUD

Alors que la mission de préfiguration a inauguré ses espaces dans le Petit château de Sceaux en septembre, le projet continue d’être mené à bon rythme pour une ouverture prévue en 2025 dans la caserne Sully de Saint-Cloud.

La caserne Sully à Saint-Cloud accueillera le Musée du Grand Siècle. © CD92 / Willy Labre
La caserne Sully à Saint-Cloud accueillera le Musée du Grand Siècle.
© CD92 / Willy Labre

Sceaux et Saint-Cloud.« À la réouverture en septembre dernier, nous avons fait trois jours de gratuité et nous avons reçu près de 1 500 personnes », se réjouit Alexandre Gady. L’universitaire spécialiste de l’architecture classique, professeur à la Sorbonne, est actuellement en détachement auprès du département des Hauts-de-Seine pour lequel il pilote la mission de préfiguration du Musée du Grand Siècle.

La création de ce nouveau musée est à l’initiative de Patrick Devedjian, ancien président du département des Hauts-de-Seine (LR), disparu en mars 2020. « Le projet a été complètement repris par [son successeur] Georges Siffredi [LR], qui en a fait le grand projet culturel de sa mandature », observe Alexandre Gady.« Tous les budgets ont été maintenus au centime près. Il n’y a pas eu de désengagement du politique, mais au contraire un fort portage. On ne pourrait pas faire aboutir un tel projet sinon. »

Il faut dire que le projet est monumental, à l’image des lieux que le musée doit investir, à l’horizon 2025, à l’extrémité du parc de Saint-Cloud : l’ancienne caserne Sully [voir ill.], créée sous Charles X pour les gardes du roi, et le petit Pavillon des officiers construit sous Napoléon III. L’ensemble participe d’un schéma urbanistique plus global puisque le département a prévu de réaménager la place Clémenceau, permettant de dégager un parvis piétonnier, pour un coût de 50 millions d’euros.

Trois groupements d’architectes travaillent actuellement au réaménagement des espaces pour une enveloppe de 100 millions d’euros. Le lauréat, désigné en février 2022, aura la tâche de faire un nouveau musée « de civilisation consacré au Grand Siècle, dans la lignée de Cluny pour le Moyen Âge, ou Ecouen pour la Renaissance ».

Plus de 10 000 mètres carrés seront ainsi dévolus à la présentation des collections et aux équipements – dont un auditorium de cent-vingt places, des espaces de restauration, les réserves... Le Pavillon des officiers accueillera quant à lui le Centre de recherche Nicolas-Poussin. « Les deux bâtiments anciens, même s’ils ne sont pas protégés, seront restaurés comme s’ils étaient monuments historiques », insiste Alexandre Gady. Le reste des édifices – plus récents – sera détruit et les jardins, en accès libre, seront « redessinés afin de rouvrir des perspectives sur le parc de Saint-Cloud ».

À Sceaux, le site de la mission de préfiguration

Pour l’heure, la mission de préfiguration du musée réside dans le Petit château de Sceaux. Cette ancienne bibliothèque municipale, inoccupée depuis plus de cinq ans, profite, elle aussi, du projet. Les travaux menés pour sa réhabilitation permettront d’en faire un espace d’exposition qui retournera dans le giron du château de Sceaux après 2025. Et malgré un décalage géographique et de superficie, les équipes entendent bien faire de ce petit musée tout à la fois l’incarnation, la vitrine et le laboratoire du musée à venir. « Grâce à un dispositif de livre d’or, nous avons déjà les premiers retours, positifs comme négatifs. Pour nous, c’est très précieux. Même si l’échelle est différente, c’est un banc d’essai pour Saint-Cloud. »

C’est à Sceaux donc que s’est ouverte l’exposition inaugurale, visible jusqu’au 24 décembre, afin que « les visiteurs commencent à fréquenter M. Rosenberg et sa collection ». Une salle d’introduction sert, à l’aide de grands panneaux explicatifs, à présenter le projet et ses acteurs, au premier rang desquels Pierre Rosenberg, académicien et ancien président-directeur du Louvre, spécialiste de la peinture du XVIIe siècle, dont la donation officialisée en septembre 2020 est à l’origine du projet.

« Nous ne voulions pas faire un musée Rosenberg. Lui non plus d’ailleurs », précise Alexandre Gady. « Il fallait donc donner du sens à cette collection » composée de 675 peintures allant du Moyen Âge au XXe siècle, 3 500 dessins, 800 animaux en verre de Murano et quelque 50 000 ouvrages. Trois axes principaux ont ainsi été dégagés : le XVIIe siècle, le goût du collectionnisme et la passion de Rosenberg pour la recherche fondamentale en histoire de l’art. L’accrochage éclectique à touche-touche des dessins et des peintures, favorisant les rapprochements, tente d’illustrer l’esprit d’un amateur.

Les équipes mènent par ailleurs une politique d’acquisition active afin de compléter les lacunes de la collection : « des paysages, des paysages d’architecture, des scènes de genre, des portraits ; de la sculpture ; des objets d’art ; des livres ; des textiles… afin d’évoquer toute la société », liste Alexandre Gady. À raison de deux comités d’acquisition par an (le prochain ayant lieu début novembre) et un budget tenu secret, le musée a déjà acquis vingt œuvres depuis décembre 2019, avec quelques belles prises, comme le portrait de Louis de Béthune de Philippe de Champaigne (vers 1650), ou une scène de genre, La Rixe de Georges Lallemant (vers 1630, voir ill.).

Une seconde donation devrait intervenir dans le courant 2022. « On espère en susciter d’autres », sourit Alexandre Gady. La Société des Amis qui a été créée en juin a d’ores et déjà commencé à recruter.

À la fermeture de l’exposition inaugurale, le Petit château restera fermé pour travaux avant de rouvrir au moment du Salon du dessin, dont le Musée du Grand Siècle est l’invité institutionnel de l’édition 2022.

Mission de préfiguration du Musée du Grand Siècle,
Petit château de Sceaux, ouvert sur réservation aux groupes en semaine et tous les week-ends.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°576 du 29 octobre 2021, avec le titre suivant : Le Musée du Grand Siècle sur les rails

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