Musée

Le Kunstmuseum de Berne vend un Manet de la collection Gurlitt

Par Ingrid Dubach-Lemainque, correspondante en Suisse · lejournaldesarts.fr

Le 3 décembre 2019 - 376 mots

BERNE / SUISSE

Le musée qui a hérité de la collection Gurlitt a vendu un des tableaux à un musée japonais pour éponger ses dettes.

 Édouard Manet, Marine, Temps d'orage, 1873, huile sur toile, 55 x 72 cm. © Photo Mick Vincenz/Kunstmuseum Bern.
Édouard Manet, Marine, Temps d'orage, 1873, huile sur toile, 55 x 72 cm.
© Photo Mick Vincenz / Kunstmuseum Bern.

Récemment prêtée au National Museum of Western Art de Tokyo par le Kunstmuseum de Berne, l’œuvre d’Edouard Manet, Marine, Temps d’orage (1873) va définitivement rester au Japon. La peinture en question est issue du legs de 1 500 œuvres d’art de Cornelius Gurlitt - le fils d’Hildebrand Gurlitt, marchand d’art sous le Troisième Reich - fait au musée de Berne à son décès en 2014. 

Avant son entrée dans les collections de Gurlitt père pendant l’occupation de Paris en 1940, la marine appartenait à l’industriel japonais Kôjirô Matsukata, collectionneur féru de peintures impressionnistes françaises qui vivait en Europe et l’avait achetée au marchand Paul Rosenberg en 1922. Matsukata avait laissé à Paris après l’entrée en guerre 400 de ses œuvres, en avait vendu certaines pour couvrir les coûts de stockage et une partie d’entre elles furent achetées par Gurlitt. 

Après la guerre, 375 œuvres ayant appartenu à Matsukata furent rendues par la France au Japon et menèrent à la création du National museum of western art (NMWA) en 1959. Le musée tokyoïte n’a eu de cesse depuis, de vouloir reconstituer la collection initiale de Matsukata : 270 œuvres ont pu ainsi être rachetées en 60 ans. 

Du côté du Kunstmuseum de Berne, cette vente exceptionnelle d’une œuvre du legs Gurlitt s’explique par la nécessité urgente de combler le déficit des finances du musée, déficit lié aux frais de justice, de recherches de provenance, de restaurations et d’expositions du fonds d’art Gurlitt. 

L’œuvre choisie par le musée devait répondre à trois critères pour pouvoir être vendue : ne pas avoir été le fruit d’une spoliation (Gurlitt l’a acquis légalement), être intégrée in fine dans une collection muséale et ne pas affaiblir de manière significative la collection bernoise de peinture moderne. 

Les deux musées se félicitent de l’accord mais la directrice du musée suisse, Nina Zimmer, tient à préciser « qu’il ne s’agit que d’une œuvre parmi 1 500 », ajoutant « qu’il n’est pas question d’en céder d’autres ». Si la vente de la marine, pour quatre millions de dollars, devrait effectivement couvrir une partie de la dette du musée, elle ne pourra cependant pas résoudre l’ensemble des problèmes financiers de l’institution.

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