Italie - Église

RENAISSANCE ITALIENNE

La chambre secrète de Michel-Ange entrouverte

Par Olivier Tosseri, correspondant en Italie · Le Journal des Arts

Le 28 décembre 2023 - 350 mots

Découverte en 1975, la pièce couverte de délicats croquis au fusain s’ouvre temporairement au public.

Chambre secrète de Michel-Ange dans la basilique San Lorenzo. © Francesco Fantani/Musei del Bargello.
Chambre secrète de Michel-Ange dans la basilique San Lorenzo.
© Francesco Fantani / Musei del Bargello

Florence (Italie). C’est un carnet de croquis d’un genre inédit. Ses pages ne sont pas composées de feuilles de papier mais des murs d’une petite pièce cachée dans la basilique San Lorenzo, sous les chapelles des Médicis. Cet ancien cellier à charbon (lors de sa découverte par hasard en 1975) a servi il y a près de cinq siècles de refuge à Michel-Ange. L’un des plus grands génies de la Renaissance s’y cache alors pendant deux mois pour fuir la vindicte de Clément VII. Furieux que l’artiste ait supervisé l’édification des fortifications de Florence pendant l’éphémère gouvernement républicain (1527-1530), le pape Jules de Médicis le condamne à mort avant de lui pardonner.

Les parois de cet abri exigu de 10 mètres sur 3 sont couvertes de croquis exceptionnels au fusain. Depuis le 15 novembre, la salle est ouverte pour la première fois au public pour une « période d’essai » courant jusqu’au 30 mars 2024. On pourra ainsi y admirer un dessin du célèbre David, des ébauches de corps, des esquisses de visages souvent de taille monumentale. Bien que l’espace soit connu comme la « chambre secrète » de Michel-Ange, des doutes subsistent sur la réelle paternité des œuvres qui l’embellissent. Quelques indices semblent néanmoins confirmer que certaines sont de la main de Buonarrotti. « Ce dessin de femme a beaucoup de similitudes avec le personnage d’Ève que l’on retrouve dans la chapelle Sixtine. Michel-Ange avait l’habitude d’utiliser toutes les surfaces possibles, de ne rien gâcher », explique Francesca de Luca, conservatrice du Musée des chapelles des Médicis.

Pour préserver ces croquis, la température de la pièce est maintenue à 17 °C. Des groupes de quatre personnes maximum sont autorisés à y pénétrer sur réservation et ne peuvent y rester plus de quinze minutes. Pas plus de 100 visiteurs par semaine pourront découvrir ce lieu qui doit demeurer le plus possible dans l’obscurité. « Son charme est extraordinaire, mais il est très délicat, rappelle Massimo Osanna, le directeur général des musées italiens. Son potentiel évocateur exceptionnel rend unique ce tout petit endroit. »

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°623 du 15 décembre 2023, avec le titre suivant : La chambre secrète de Michel-Ange entrouverte

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