« Bretagne-Japon 2012 »

La Bretagne se met à l’heure du Japon

Par Maureen Marozeau · Le Journal des Arts

Le 17 janvier 2012 - 789 mots

BRETAGNE [20.01.12] - Pendant plus d’un an, douze expositions vont se succéder à travers le territoire breton autour du japonisme. Une initiative originale pour valoriser les collections de la région.PAR MAUREEN MAROZEAU

Le 9 février, l’année «  Bretagne-Japon 2012  » sera officiellement lancée avec l’ouverture au public de l’exposition «  Henri Rivière, les détours du chemin d’un japonisant en Armor  », au Musée d’art et d’histoire de la ville de Saint-Brieuc. Douze musées bretons sont réunis autour de cette initiative originale qui prend pour point de départ le japonisme dans l’histoire de la région : Brest, Concarneau, Dinan, Douarnenez, Lamballe, Lorient, Morlaix, Quimper, Rennes et Saint-Brieuc. Pendant plus d’un an, la Bretagne se met à l’heure nipponne par le biais d’expositions, d’un colloque, de conférences ou d’opéras…

À l’origine de ce projet, l’Association des conservateurs de musées de la Région Bretagne, organe fédérateur dont la mission est de valoriser les fonds des musées régionaux, mais aussi de développer des initiatives communes. Pour piloter l’opération, un comité scientifique composé d’une dizaine de membres compte dans ses rangs différents directeurs des musées et chercheurs, mais aussi une «  intruse  » vendéenne : l’instigatrice du projet, Florence Rionnet, responsable des expositions et de la muséographie à la conservation départementale de la Vendée. L’idée qu’une telle initiative puisse émaner d’un corps de conservateurs et non pas être imposée par un accord entre deux ministères des Affaires étrangères est rafraîchissante. Aucun risque non plus d’annulation pour cause de différend diplomatique : les seuls prêts extérieurs à la région proviennent du Musée océanographique de Monaco. Bien entendu, le Conseil régional (l’un des financeurs du projet depuis 2008, voir ci-dessous) ne peut que se réjouir des retombées d’un tel événement ; depuis 2005, son président voyage chaque été pour renforcer les liens avec les sociétés japonaises implantées sur le territoire breton (Yoku Moku, Sanden, Canon, Renesas) et tenter d’en séduire des nouvelles. Le Musée de Bretagne (Les Champs libres), à Rennes, propose d’ailleurs à la fin septembre une conférence sur ces liens commerciaux privilégiés.

Infiltration esthétique
Découverte en 1860, avec l’ouverture du Japon sur l’Occident, portée aux nues en 1867 avec la participation du pays à l’Exposition universelle de Paris, l’esthétique japonaise s’est infiltrée dans tous les aspects de la créativité en France et en Europe à la vitesse de l’éclair. Haut lieu du commerce maritime, site de pèlerinage d’artistes dans la mouvance symboliste, la Bretagne n’a pas été épargnée par cette vague irrépressible. L’ensemble des expositions s’étaient sur trois grandes lignes de force : les liens entre la Bretagne et le Japon (échanges diplomatiques et militaires, activités commerciales) ; l’esthétique japonaise adaptée à l’art occidental, ou japonisme, qui inspire l’école de Pont-Aven et le groupe des Nabis ; la postérité et l’art de l’estampe. Les quelque 800 objets présentés à travers la région sont aussi bien des raretés importées (estampes, kimonos, porcelaines, masques…) qui ont trouvé le chemin de collections privées bretonnes, des œuvres japonisantes réalisées par des artistes attirés par la Bretagne, que des œuvres réalisées au Japon par des artistes locaux.

Le Musée de la pêche à Concarneau a devancé le programme avec une exposition visible depuis le début de l’été 2011 sur l’art du gyotaku – cette technique développée par les pêcheurs nippons produit l’empreinte d’un poisson sur une feuille à l’aide d’encre appliquée sur l’animal.

L’opération bénéficie d’un catalogue commun qui comprend un essai pour chaque exposition et la liste exhaustive des œuvres présentées. Parmi les auteurs, signalons Estelle Guille des Buttes-Fresneau, directrice du Musée de Pont-Aven – la fermeture imminente du musée pour des travaux de transformation ne lui a pas permis de figurer pas dans «  l’archipel  » d’expositions.

Sur le plan scientifique toujours, le colloque organisé les 27 et 28 septembre par l’université Rennes-II, «  Territoires du japonisme  », dressera un état des lieux de la recherche sur la question du japonisme. La conférence prévue à la fin septembre au Musée de Bretagne sur la différence d’approche de la restauration des œuvres d’art au Japon et en France promet d’être tout aussi passionnante, du point de vue tant technique que philosophique. Mais l’année culturelle «  Bretagne-Japon  » ne se limite pas aux beaux-arts, et compte une programmation d’opéras européens teintés d’exotisme japonais de la fin du XIXe siècle : La Princesse jaune (1872) de Camille Saint-Saëns (à Rennes puis à Quimper), Madame Chrysanthème d’André Messager et Madame Butterfly de Giacomo Puccini (à Rennes, Douarnenez puis Ploërmel).

Bretagne-Japon 2012

Répartition prévisionnelle du financement global de l’opération sous réserve de ressources supplémentaires (conseils généraux, mécènes…)
Région : 11,8 %
État-Drac : 10,3 %
Conseils généraux : 1,5 %
Vente catalogues : 3,8 %
Mécénat : 3,8 %
Valorisation de l’apport des 12 musées : 68,9 %

Pour le programme complet, consulter : www.bretagne-japon2012.com

Légende photo

Henri Rivière, Le Port de Loguivy à marée basse, 1905, lithographie coloriée, Musée départemental breton, Quimper. © Photo : Serge Gouarin.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°361 du 20 janvier 2012, avec le titre suivant : La Bretagne se met à l’heure du Japon

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