Départ inattendu de Simon Baker de la MEP

« Après sept années d’une collaboration intense et dynamique sur le plan artistique, la Maison Européenne de la Photographie (MEP) annonce la fin du mandat de Simon Baker, son directeur ». Publié ce jour, le communiqué de presse laconique de la MEP confirme l’information qui circulait depuis quelques temps. Nommé le 24 janvier 2018, l’ancien senior curator de la photographie à la Tate Modern avait pourtant été reconduit récemment dans ses fonctions.

Rien ne laissait donc présager une telle décision, d’autant que la programmation de Simon Baker rencontrait un certain succès auprès du public, en particulier auprès des jeunes, avec un niveau de fréquentation important en 2023 de 175 564 visiteurs et un résultat d’exploitation net en 2024 de 145 000 euros contre une perte de 182 000 euros en 2023. Le montant des acquisitions d’œuvres s’élevait à 123 000 euros, tandis que les dons d’œuvres atteignaient 461 000 euros.

L’absence, dans le communiqué, de déclaration de Simon Baker, renforce les interrogations sur les raisons de ce départ inattendu, voire précipité. Simon Baker quitte-t-il ses fonctions pour rejoindre une autre institution ? Ou, au contraire, ce départ lui est-il imposé par le conseil d’administration présidé par Jacques Bungert depuis février 2024 ? Et si oui, pourquoi ?

Pour l’heure, aucune des deux parties ne souhaite donner plus de précisions, ce qui suggère un sérieux désaccord. Des discussions entre avocats seraient en cours.

Familier des institutions photographiques parisiennes et arlésiennes, Simon Baker, né en 1972 au Royaume-Uni, avait pris ses fonctions à la MEP le 1er avril 2018, après le départ de Jean-Luc Monterosso, cofondateur et directeur de l’établissement depuis son inauguration en 1996. Dès le début, sa programmation, inaugurée par la rétrospective Ren Hang (1987-2017) et l’exposition Coco Capitán, tranchait avec celle de son prédécesseur. Elle a aussi été critiquée, au fil des années, pour le peu de visibilité accordée à la scène française. En sept ans, seuls Thomas Mailaender, en 2024, et Marie-Laure de Decker ont bénéficié d’une exposition sur deux étages. L’équipe de la MEP a été, de son côté, profondément renouvelée.

« Son regard, son expertise et sa passion pour la photographie ont donné une impulsion décisive à la programmation artistique de l’institution », souligne le communiqué de presse, qui précise que « dans l’attente de la nomination d’une nouvelle direction, l’intérim est assuré par Caroline Miller, administratrice générale de la MEP, Clothilde Morette assurant la continuité de la programmation et de la direction artistique ».