Patrimoine

Aubusson: un nouvel écrin pour la tapisserie inauguré dimanche par François Hollande

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 8 juillet 2016 - 632 mots

AUBUSSON

AUBUSSON (CREUSE) [08.07.16] - Aubusson, 3.500 âmes et un savoir-faire reconnu depuis le XVe siècle dans le monde entier, accueille dimanche le président François Hollande pour inaugurer la Cité internationale de la Tapisserie, fer de lance du renouveau du tissage comme vecteur artistique.

La Cité internationale de la tapisserie, Aubusson
La Cité internationale de la tapisserie, Aubusson
© phot Margaret Gray

"Au fil des siècles, le nom d'Aubusson est devenu une marque-signature dans les milieux avertis. Ce que nous voulons avec cette cité, c'est à la fois reconnecter la création à son environnement professionnel et économique, et renouer avec l'époque. Pour la simple raison qu'à chaque fois que la tapisserie d'Aubusson a su rester en prise avec les innovations esthétiques de son temps, elle a connu un nouvel essor", résume Bruno Ythier, conservateur des lieux.

Au total, quelque 330 tapisseries murales, 15.000 pièces d'art graphique et une cinquantaine de pièces de mobilier ont quitté l'ancien musée départemental pour rejoindre ce site exceptionnel.

Installé dans l'ancienne école des arts décoratifs, il s'étend sur près de 5.000 m2 et affiche des volumes colossaux pour pouvoir accueillir des oeuvres allant jusqu'à six mètres de haut, le tout pour un budget relativement modeste(8,5 millions d'euros).

Un site exceptionnel pensé à la fois comme un carrefour ouvert sur le public pour présenter six siècles de création tissée mais aussi comme un lieu de patrimoine vivant. Car la Cité renferme désormais un atelier de création accueillant artistes et lissiers qui, comme au temps de la splendeur aubussonnaise, travaillent main dans la main pour écrire l'avenir de la tapisserie d'Aubusson, classée au patrimoine immatériel de l'Unesco en 2009.

En plus de proposer des formations professionnelles à l'art tapissier, la cité accueillera désormais workshops et ateliers d'initiation.

Efficace, ingénieuse et épurée Pour son directeur, Emmanuel Gérard, il s'agit de réinscrire la création artistique dans sa filiation historique et naturelle: "la singularité de la tapisserie d'Aubusson est qu'ici, cet art a toujours été une économie privée. Elle a, dès ses origines, été soumise à des contingences d'efficacité et de rentabilité." La contrainte étant mère d'ingéniosité, "la tapisserie d'Aubusson en a gardé des signes distinctifs: une filature efficace et ingénieuse, qui sait transmettre une interprétation épurée et sobre de l'oeuvre originale", explique-t-il.

A Aubusson, le lissier ou la velouteuse ne se perdent pas en fioritures ou dans une profusion de couleurs quand un fil suffit à suggérer le geste ou le drapé.

La cité internationale aura également pour mission de soutenir cette filière économique génératrice d'emplois et de tourisme, avec l'espoir de renouer avec l'Age d'or de la tapisserie creusoise. Au début du XXe siècle, Aubusson comptait près de 2.000 emplois directs et induits liés à cet art, quand ils ne sont désormais plus que 150.

Pour protéger et développer cette filière en plein renouveau, Aubusson a le soutien des pouvoirs publics, partenaire historique majeur depuis la Manufacture royale de 1665. La tapisserie est "un art monumental, un art du pouvoir aussi, qui met en scène l'autorité et dont la propriété n'est accessible qu'à une poignée de puissants, avec ses 4.000 à 10.000 euros du mètre carré", décrypte Bruno Ythier. Et c'est "aussi un art qui entretient un rapport singulier au temps: une tapisserie se mérite", souligne-t-il.

Tel est le cas du Tapis-Porte "Tissage-Métissage", imaginé par Marie-Laure Bourgeois et Vincent Bécheau, lauréats du 3ème prix du concours de 2012, dont la réalisation a nécessité deux ans de travail. Une oeuvre qui vient d'être installée dans la section consacrée à la création contemporaine et qui sera visible plusieurs mois, aux côtés de dizaines de tapisseries issues des 300 pièces de la collection creusoise, ou encore du centre Pompidou.

Pour ce nouveau chapitre de la tapisserie d'Aubusson, la cité internationale espère d'ici à un an doubler le taux de fréquentation du vieux musée départemental, pour atteindre 40.000 visiteurs, et tisser avec des liens de nouveaux ambassadeurs de l'art tapissier.

Julie Carnis

 

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