La cité de la tapisserie sort des cartons

Par Christian Simenc · L'ŒIL

Le 20 mai 2016 - 537 mots

AUBUSSON - De vue, on ne peut le rater. Depuis le pont qui franchit la Creuse, juste avant de déboucher sur le rond-point de l’avenue de la République, il suffit de lever les yeux pour distinguer, par-delà les toitures, un fragment d’édifice étrangement bariolé.

En continuant à grimper la rue Roger- Cerclier, le bâtiment tout entier se dévoile alors au visiteur : il s’agit de la Cité internationale de la tapisserie, à Aubusson, logée dans l’ancienne école nationale d’art décoratif, réhabilitée et agrandie par le cabinet d’architecture Terreneuve – Nelly Breton et Olivier Fraisse. L’édifice originel, datant de 1969, était on ne peut plus rationnel. En hommage, paraît-il, au couvent des Récollets qui, au XVIIe siècle, occupait cette parcelle en pente, son auteur, l’architecte Benoît Danis, l’avait conçu en forme de croix : une structure carrée et répétitive, faite de poteaux et de poutres en béton de 4 m de côté. Pas forcément un handicap pour Nelly Breton : « Hormis un défaut majeur, ce quadrillage étroit que nous avons cherché à évider, le bâtiment avait d’immenses qualités : sa simplicité de construction, sa forte densité de vitrage et sa monumentalité. Les ingrédients étaient là pour faire un édifice à l’échelle de la tapisserie. » Seul le budget des travaux ne l’était pas, « monumental » : 8,5 millions d’euros HT, extérieurs, muséographie et honoraires compris.
« L’enjeu primordial de cet équipement était son positionnement urbain, observe Nelly Breton. Il tournait le dos à la ville, nous l’avons rouvert sur elle. » Autre astuce : « Pour agrandir le bâtiment, nous avons gonflé le volume initial, mais surtout déniché des mètres carrés supplémentaires en creusant le terrain et en ouvrant, en sous-œuvre, une nouvelle salle de 600 m2 et de 7 m sous plafond, éclairée naturellement. » Baptisée « la Nef des tentures », elle est l’espace phare de la Cité, laquelle affiche aujourd’hui une surface de 5 000 m2, dont 1 200 m2 pour le parcours permanent. Outre le musée, on trouve des bureaux, la bibliothèque, les réserves, des ateliers, dont un de restauration du Mobilier national, et l’amphithéâtre de 190 places, conservé tel quel.
À l’extérieur, deux fresques signées de peintres cartonniers de renom – Mario Prassinos et Gustave Singier – sont en cours de restauration. Signe ô combien distinctif du bâtiment : ses façades. « Cette nouvelle “peau’’ donne une très grande homogénéité au bâtiment et forge son identité », estime
Nelly Breton. Ainsi, la « couche » externe est-elle constituée d’un module répétitif en pin, celle interne d’une toile tissée d’une surface de 1 215 m2, qui fait office de filtre solaire et dissimule les fenêtres en plastique existantes. « Rappel des collections textiles de la Cité », le motif coloré, signé par la graphiste Margaret Gray, résulte de collages d’images de tapisseries très fortement étirées. Bref, la boucle est bouclée.

A savoir

Réunissant des collections très diverses – 440 tapisseries et tapis, 50 pièces de mobilier tissé, 16 000 œuvres d’art graphique, 5 000 pièces tissées, 600 pièces de broderie sarrasine et 20 outils ou matériels de tissage, le fonds offre un panorama complet des productions aubussonnaises, depuis le XVe siècle à nos jours, dans une scénographie signée par l’atelier Paoletti & Rouland.

À voir

Ouverture de la Cité internationale de la tapisserie à partir du 10 juillet 2016, rue Williams-Dumazet, Aubusson (23), www.cite-tapisserie.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°691 du 1 juin 2016, avec le titre suivant : La cité de la tapisserie sort des cartons

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