Fondation - Musée

Éditorial

Fondations et musées, un faux duel

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 5 novembre 2025 - 422 mots

L’engagement des pouvoirs publics en faveur des musées demeure fort en France selon l’éditorialiste du JdA.

La Fondation Cartier pour l’art contemporain, place du Palais-Royal. © Jean Nouvel © Martin Argyroglo © Adagp Paris 2025
La Fondation Cartier pour l’art contemporain, place du Palais-Royal.
© Jean Nouvel
© Martin Argyroglo
© Adagp Paris 2025

Émulation. Le télescopage dans l’actualité entre l’ouverture flamboyante de la Fondation Cartier et le braquage, à quelques mètres de là, du Louvre, n’a pas échappé à ceux toujours prompts à dénoncer la superbe arrogance des fondations privées et corrélativement la précarité des musées publics. Cette opposition complaisante n’est qu’un effet d’optique. S’il est vrai qu’il n’a pas été difficile pour Richemont, propriétaire de la marque de luxe, de soustraire une partie de ses 2,3 milliards d’euros de bénéfices de son dernier exercice pour financer l’acquisition et les travaux de rénovation (estimés à 230 M€) de l’ancien Louvre des Antiquaires, la France ne compte que trois (très grandes) fondations d’art contemporain associées à un groupe de luxe ou à leur propriétaire. La France étant leader dans le domaine du luxe, il est dans l’ordre des choses que le mariage déjà ancien de celui-ci avec l’art donne naissance à ces poids lourds. Au demeurant, on ne peut pas reprocher à la Fondation Cartier de suivre le mouvement, elle qui a ouvert, il y a plus de quarante ans, son lieu d’art.

Mais il ne faudrait pas en conclure que les musées publics sont laissés en jachère. Les crédits de paiement alloués aux musées ont augmenté de 30 % entre 2019 et 2025 et il est prévu que leurs montants soient maintenus en 2026. Si l’on ajoute les dépenses des collectivités locales, c’est plus d’1,4 milliard d’euros qui sont alloués chaque année aux seuls musées (sans compter les dépenses pour le patrimoine). C’est naturellement jamais assez, mais cela reste élevé par rapport à d’autres pays. Le Journal des Arts recensait dans une précédente parution une liste impressionnante de travaux en cours ou à venir dans les musées en France. Et les polémiques sur le désintérêt de l’État pour la sécurité du Louvre méconnaissent la réalité des plans successifs du musée. Il est vrai, en revanche, que les nombreux bâtiments très anciens qui abritent les musées en région n’offrent pas des garanties de sécurité optimales.

C’est une chance pour la place parisienne que d’offrir un tel choix en art moderne et contemporain, précisément au moment où le Centre Pompidou va fermer pour au moins cinq ans et que le Palais de Tokyo cessera lui aussi d’accueillir le public pendant dix-huit mois de travaux. L’enjeu maintenant est d’inciter les collectionneurs philanthropes, à l’instar de la Fondation Luma à Arles ou prochainement la Fondation Gandur à Caen, de mieux mailler le territoire national.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°664 du 31 octobre 2025, avec le titre suivant : Fondations et musées, un faux duel

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