Radio & télévision

Les parisiens, allergiques aux déclarations d'amour ?

Par L'Œil · lejournaldesarts.fr

Le 7 mars 2019 - 477 mots

PARIS

Chaque jeudi, à 8 h15 et 8 h45, « Les Matins Jazz », l’émission de Laure Albernhe et Mathieu Beaudou, invitent L’Œil et Le Journal des Arts à parler d’art sur l’antenne de TSF Jazz. Le 6 mars 2019, Fabien Simode, rédacteur en chef de L’Œil, revenait sur la polémique qui entoure le Cœur de Paris, la nouvelle sculpture monumentale de Joana Vasconcelos située porte de Clignancourt.

Logo de la station de radio TSF Jazz
Logo de la station de radio TSF Jazz

Chronique à réécouter ici dans son intégralité ou à lire ci-après :

Fabien Simode : Ce matin, je vous parle d’amour. Le 14 février dernier, la ville de Paris a offert aux parisiens un cœur. Pas n’importe quel cœur : un cœur rouge battant pavillon en haut d’un mas, à plus de 9 mètres de hauteur, dans le 18e arrondissement. Ce cœur monumental, réalisé à l’aide de plus de 3.000 carreaux de faïence décorés à la main par des artisans portugais, tourne sur lui-même et s’illumine à la fréquence des battements d’un vrai cœur. Son titre : Cœur de Paris. Car il ne s’agit pas d’un simple mobilier urbain, mais d’une sculpture réalisée par une artiste portugaise en vue : Joana Vasconcelos. Cette sculpture, sous laquelle les passants sont invités à s’embrasser, s’inscrit dans le cadre de la commande d’œuvres d’arts passées pour le prolongement de la ligne de tramway T3.

Mais voilà, tout le monde n’est pas sensible à ce Cœur de Paris. En cause : son esthétique clinquante et surtout son coût : 650.000 euros. « À l’heure où l’on explique aux contribuables qu’il faut se serrer la ceinture, Paris dépense 650.000 euros pour installer un gros cœur ! », s’insurge la twittosphère. Côté esthétique, il faut bien admettre que cette énorme pomme d’amour scintillante plantée au beau milieu de la porte de Clignancourt n’est pas la plus réussie de Joana Vasconcelos, que l’on a connu plus inspirée. Entre parenthèse, l’artiste n’en est pas à sa première polémique en France : les auditeurs se souviennent peut-être du refus de Versailles d’exposer, en 2012, son lustre géant fait avec des tampons… hygiéniques. Côté financement, 650.000 euros représente en effet une somme importante pour le service publique, même pour une œuvre monumentale. Mais cela reste cependant bien loin des prix atteint parfois par l’art contemporain, comme les 3,5 millions d’euros nécessaires à la réalisation du Bouquet de Tulipes de Jeff Koons, qui a, lui aussi, fait récemment polémique à Paris. Pourtant, la ville jurait avoir trouver le moyen d’éviter une nouvelle controverse, notamment en faisant participer les habitants du quartier au choix du Cœur de Paris. Mais cela n’a pas suffi. Alors, les parisiens seraient-ils finalement allergiques aux tulipes et au cœur, deux symboles d’amour ? À moins qu’ils soient allergiques à l’art un peu trop facile, prêt à penser, pour tout dire kitsch, de Jeff Koons et de Joana Vasconcelos. Pour être franc, mon cœur penche pour cette seconde hypothèse…
 

Thématiques

Tous les articles dans Médias

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque