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Le « Netflix de la culture » italien essuie un échec cuisant

ITsART, la plateforme de diffusion de contenus culturels mise en place par le ministère de la Culture italien a déposé son bilan. Elle a enregistré des pertes records et n’a pas réussi à trouver son public. 

La rubrique Musées du site ITsART. © ITsART
La rubrique Musées du site ITsART.
© ITsART

Italie. Le nouveau ministre italien de la Culture, Gennaro Sangiuliano, marque une nouvelle fois la rupture qu’il entend mener avec l’action de son prédécesseur. Les grandes mesures de Dario Franceschini sont retoquées. Après avoir remis en cause le « Pass culture » et critiqué la nomination de directeurs étrangers à la tête des plus grands musées du pays, Sangiuliano ferme « ITsART ». 

Cette plateforme baptisée le « Netflix de la culture » avait été lancée en juin 2021 pour soutenir, en pleine crise de la pandémie de Covid-19, le patrimoine artistique et culturel italien dans le monde entier. Si l’idée ne pouvait que susciter un large consensus, il n’en allait pas de même de sa mise en œuvre qui a soulevé de nombreuses critiques. Ses détracteurs insistaient sur l’absence d’une formule d’abonnement, de la disponibilité de nombreux contenus sur d’autres plateformes et des coûts trop élevés pour la location de certains d’entre eux. Il fallait débourser jusqu’à 5 euros pour l’achat d’un film, 10 euros pour les concerts les plus récents et 7 euros pour une visite virtuelle de certains musées. 

7,7 millions d’euros de perte financière

Après un an de fonctionnement et 16,5 millions d’euros d’investissements, les pertes s’élèvent à 7,7 millions d’euros, le chiffre d’affaires n’atteint pas 250 000 euros et celui des usagers payants ne dépasse pas 200 000. Des chiffres impitoyables pour la société dont 51 % du capital étaient détenus par la Caisse des dépôts du gouvernement italien laissant les 49 % restants à Chili TV. Le choix de cette plateforme européenne de films à la demande comme partenaire technologique n’avait pas été exempt de réserves. Parmi les principaux actionnaires de Chili TV figurent Warner Bros, Paramount, Fox et Sony. La presse transalpine soulignait ainsi le paradoxe de devoir s’appuyer sur des géants américains pour promouvoir la culture italienne dans le monde. 

Les promoteurs d’ITsART préféraient insister sur l’étendue de l’offre avec plus de 1 250 événements et spectacles, gratuits ou payants, en direct et à la demande. Mais aussi des visites virtuelles de monuments ou de musées ainsi que des documentaires – ou captations – sur l’opéra, la musique pop, la danse, le théâtre, mais également des courts et longs métrages. Les partenariats étaient prestigieux : la Scala de Milan et la Fenice de Venise, le site de Pompéi et le parc archéologique du Colisée de Rome ou Cinecittà. Les emblématiques studios italiens s’étaient engagés à fournir un accès exclusif à leur riche fonds Archivio Storico Luce. Après une diffusion dans l’Union européenne, ITsArt voulait partir à la conquête des marchés américains et chinois avec un contenu en plusieurs langues. L’ambition était trop grande. Trop onéreuse aussi pour le ministre de la Culture actuel qui a décidé de ne pas donner suite à la demande de nouveaux investissements de la part de la Caisse des dépôts pour relancer ITsArt. Mise en liquidation, la plateforme sera bientôt démantelée. 

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°606 du 3 mars 2023, avec le titre suivant : Le « Netflix de la culture » italien essuie un échec cuisant

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