Livre

ESSAI

Enquête sur les quinze femmes académiciennes de l’Ancien Régime

Par Élisabeth Santacreu · Le Journal des Arts

Le 11 juillet 2025 - 408 mots

Autrice d’une thèse en histoire de l’art sur les femmes à l’Académie royale de peinture et de sculpture (1663-1793) soutenue en 2016 à Montpellier, Perrine Vigroux consacre ses recherches à la pratique artistique des femmes au XVIIe siècle.

Perrine Vigroux, Par la force de leur génie, Presses universitaires de Rennes, 2025. © Presses universitaires de Rennes (PUR), 2025
Perrine Vigroux, Par la force de leur génie, Presses universitaires de Rennes, 2025.
© Presses universitaires de Rennes (PUR), 2025
Anne-Dorothée Therbusch, Autoportrait, vers 1768, huile sur toile, collection particulière. © Perrine Vigroux
Anne-Dorothée Therbusch, Autoportrait, vers 1768, huile sur toile, collection particulière.
© Perrine Vigroux

Son livre, couvrant toute l’histoire de l’Académie, est une approche des quinze artistes féminines qui y furent reçues et se divise en trois parties. La première détaille la manière dont elles se formaient et exerçaient. La suivante met en relief les réticences des Académiciens, en France, à accepter les femmes, tandis que l’Italie leur donnait une place dès la Renaissance. On y découvre les efforts contraires, témoignant d’une longue lutte entre le pouvoir royal et la maîtrise, d’un Charles Le Brun favorable à leur réception à l’Académie au XVIIe siècle et d’une Académie de Saint-Luc qui, moribonde dans les années 1780, tente encore de s’accaparer des peintres indépendantes. C’est aussi dans cette partie qu’est analysé, entre autres, le rôle des amateurs et des critiques vis-à-vis de ces artistes.

Le dernier chapitre revient à leur pratique, montrant par exemple la place prise par les femmes (ou qui leur est laissée, selon le point de vue adopté) dans la nature morte et la peinture scientifique (minéralogie, ornithologie…). Leur vie sociale est présentée ici, ainsi que leurs combats et leurs ruses pour se faire reconnaître, par exemple en s’inscrivant dans le « grand genre », auquel elles étaient censées ne pas avoir accès, grâce à l’allégorie.

Élisabeth Vigée Le Brun, Autoportrait au chapeau de paille, vers 1782, huile sur toile, National Gallery. © Sailko, 2017, CC-BY-3.0
Élisabeth Vigée Le Brun, Autoportrait au chapeau de paille, vers 1782, huile sur toile, National Gallery.
© Sailko, 2017

Au fil de l’ouvrage, différents aspects de la situation spécifique des artistes femmes sont abordés. On prend ainsi la mesure des ateliers clandestins qui leur permettaient de se former : l’un d’eux était par exemple tenu par Élisabeth Louise Vigée Lebrun, soutenue par son mari, marchand d’art, qui voyait là un moyen de profiter d’une main-d’œuvre gratuite. La sororité règne dans ce petit milieu davantage que la rivalité. Des personnalités se révèlent, comme celle de Madeleine Basseporte qui participe dans la première moitié du XVIIIe siècle à la naissance de la paléontologie et forme deux académiciennes (ce qu’elle-même n’était pas), Anne Vallayer-Coster et Marie-Thérèse Reboul.

De la thèse, il reste une analyse très fine et une documentation précieuse. Mais il manque l’effort de synthèse et la part d’écriture qui permettent de passer d’un travail universitaire à un livre : on regrette, par exemple, une présentation des quinze artistes morcelée dans les différents chapitres et les multiples redites qui en découlent, ainsi que des fautes de frappe encore trop nombreuses.

Par la force de leur génie, Perrine Vigroux,
Presses universitaires de Rennes (PUR, 2025), 260 p., 29 €.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°658 du 20 juin 2025, avec le titre suivant : Enquête sur les quinze femmes académiciennes de l’Ancien Régime

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