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(Re)découvrir l’œuvre mystérieuse de Bernard Réquichot 

Par Alexia Lanta Maestrati · lejournaldesarts.fr

Le 17 mai 2019 - 430 mots

PARIS

La Galerie Alain Margaron présente la première exposition monographique de l’artiste français disparu il y a près de 60 ans.

Bernard Réquichot, Papiers choisis, 1957, fragments d'illustrations de revues déchirés ou découpés collés sur papier marouflé, 33 x 41 cm © Photo Galerie Alain Margaron
Bernard Réquichot, Papiers choisis, 1957, fragments d'illustrations de revues déchirés ou découpés collés sur papier marouflé, 33 x 41 cm
© Photo Galerie Alain Margaron

En 1961, à quelques jours de son exposition chez son galeriste Daniel Cordier, Bernard Réquichot, alors âgé de 32 ans, se défenestre depuis son atelier rue de Courcelles à Paris. Depuis, aucune galerie n’avait montré son travail. 

Un travail très singulier. Si au début de la courte carrière de Réquichot, on distingue encore des formes comme des animaux néo cubistes, les recherches les plus abouties sont ses peintures, ses collages, ses spirales ou ses reliquaires datés entre 1955 et 1961. Ce sont les travaux de ces années que la Galerie Alain Margaron fait redécouvrir du 18 avril au 8 juin dans les deux espaces de son enseigne. 

Au milieu des années 1950, l’artiste aborde l’abstraction de manière nouvelle, avec des thèmes comme le rapport au corps, le recyclage, l’accumulation ou la recherche formelle. Réquichot ne répond pas aux critères de l'époque, qui valorisent surtout L'École de Paris. Difficile pour ses oeuvres d’être comprises. Certaines, peuvent être rapprochées de celles de la Beat Generation, comme ses collages qui à bien des égards rappellent les oeuvres de Jay DeFeo.

Bernard Réquichot, Louchakoupé, 1959-1960, papiers choisis, fragments d'illustrations de revues découpés et collés sur contreplaqué peint avec rehauts de peinture, 120 x 90 cm © Photo Galerie Alain Margaron
Bernard Réquichot, Louchakoupé, 1959-1960, papiers choisis, fragments d'illustrations de revues découpés et collés sur contreplaqué peint avec rehauts de peinture, 120 x 90 cm
© Photo Galerie Alain Margaron

Plusieurs raisons expliquent donc la méconnaissance de l’oeuvre de Réquichot. Personnage complexe, il éprouvait un certain malaise à montrer ses créations, de peur d’être influencé. Contrairement à ses contemporains comme Yves Klein ou Jean Dubuffet, il n’a jamais théorisé par écrit son travail, laissant la porte ouverte à toutes les interprétations. S’ajoute la réticence de son galeriste Daniel Cordier, qui ne cédait que très difficilement les oeuvres. « C’est comme une bouteille à la mer retrouvée 60 ans après » s'enthousiasme Alain Margaron qui a réussi, après des années de négociation à racheter un grand nombre d’oeuvres à Cordier. 

Si le grand public ne le connaît pas encore, les amateurs et professionnels eux commencent à s’y intéresser, notamment les institutions. Le Musée de l'Abbaye Sainte-Croix des Sables-d'Olonne vient d'acquérir une oeuvre et le Centre Pompidou propose dans son nouvel accrochage, « Galerie du 20e siècle » à partir du 22 mai, 11 pièces de Réquichot.  

Le marché lui aussi semble manifester de l'intérêt pour l'artiste. En septembre 2018, lors de la vente d’oeuvres issues de la collection de Daniel Cordier chez Sotheby’s, les estimations basses avaient permis aux oeuvres de Bernard Réquichot de susciter un certain engouement. A la Galerie Alain Margaron, les prix vont de 10 000 à 450 000 euros. Le galeriste souhaite placer les oeuvres « surtout en institution » pour donner la place qu’il mérite à Réquichot.
 

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