La nouvelle édition 2025 accueille une quarantaine de galeries en moins, dont des enseignes reconnues.
Paris. À l’entrée de Paris Photo, la spectaculaire installation de Sophie Ristelhueber ne manquera pas d’interpeller le regard. Sur une cimaise de près de 40 mètres de long, l’artiste lauréate du prestigieux Prix Hasselblad 2025, représentée par le galeriste Jérôme Poggi, expose une centaine de photographies emblématiques réalisées au cours des quarante dernières années. Des zones de conflits au Moyen-Orient au monde animal, des ravages causés par la guerre, et des questionnements sur le vivant… autant de sujets qui résonnent avec l’actualité. L’an dernier, ce furent les 619 portraits de la série « Hommes du XXe siècle » d’August Sander (1876-1964), typologie de la société allemande de l’entre-deux-guerres, qui avaient accueilli les visiteurs. Les espaces du Grand Palais retrouvés permettent à la foire de donner de l’ampleur à des projets d’envergure autrefois rassemblés à l’étage dans le secteur « Prismes », depuis intégré au sein du secteur « Principal » logé sous la nef.
« Cette édition est dans la continuité du virage amorcé en 2024 qui avait marqué le retour de la foire au Grand Palais », souligne Florence Bourgeois, directrice de Paris Photo. Moins d’exposants toutefois cette année : 220 répartis entre 178 galeries et 44 éditeurs en provenance de 33 pays contre 240 en 2024 (195 galeries, 45 éditeurs). Anna Planas, directrice artistique de Paris Photo, refuse de lier la baisse de 18 % du nombre de galeries à une répercussion du ralentissement persistant du marché et au renoncement de galeristes, y compris les plus établis, à candidater. « Avec notre comité de sélection, nous avons fait le choix de resserrer le nombre de galeries afin d’accroître la qualité artistique des propositions du secteur principal », explique-t-elle, tout en précisant sans donner de chiffres que « le nombre de candidatures est stable par rapport à l’année dernière » et que« les refus ont été plus nombreux cette année ».
Si la 28e édition connaît le retour de Poggi et Papillon (France), Hamiltons et Richard Saltoun (Londres) et de Rose Gallery (Santa Monica), elle se distingue aussi par l’absence de plusieurs enseignes majeures pour Paris Photo, telles que Gagosian, Edwynn Houk (New York), Stephen Daiter (Chicago), de Karsten Greve (Paris), mais aussi – fait inédit depuis de nombreuses années – par celle de Gilles Peyroulet & Cie (Paris) – reconnue pour ses pièces rares notamment de l’entre-deux-guerres. Ces départs, conjugués à l’absence de Daniel Blau (Munich) et de Lumière des Roses (Montreuil) – due à la fermeture de ces galeries spécialisées sur la période historique de la photo et le vernaculaire –, font évoluer le secteur principal de la foire, tant au niveau de la répartition des espaces libérés par les galeries absentes que dans ses propositions, plus que jamais tournées vers le contemporain.
Créé l’an dernier dans le cadre du retour de Paris Photo au Grand Palais, le secteur « Voices » qui donne carte blanche à deux commissaires pour sélectionner des travaux de photographes autour du thème de leur choix, intègre ainsi le secteur principal. Remarqué l’an dernier pour sa grande qualité, ce secteur quitte donc la galerie Sud-Est, située au rez-de-chaussée au niveau de l’entrée VIP – un très bel espace cette année réservé à la collection d’Estrellita B. Brodsky qui figure parmi les plus importantes collections privées aux arts latino-américains. Les secteurs « Émergence » et « Éditeurs » demeurent à l’étage.
« Cette nouvelle configuration permet d’offrir à chaque visiteur un parcours de visite plus fluide, continu et lisible, favorisant la circulation entre les galeries et les différents temps curatoriaux de la foire », souligne Anna Planas. Il n’en demeure pas moins que l’offre des galeries marque une évolution de la foire vers encore plus de photographies des années 1950 à nos jours, renforcée par le secteur « Digital » qui prend de l’ampleur. Installé juste à l’arrière du secteur principal, ce secteur réservé à l’art digital et génératif voit par ailleurs pour la première fois la participation d’Anita Beckers (Francfort-sur-le-Main) et Rolf Art (Buenos Aires) deux exposants familiers de la foire.
Bien que le secteur « Principal » Paris Photo continue d’offrir un panorama de la photographie, du XIXe siècle à nos jours, en explorant les pratiques et les usages du médium, à travers des figures emblématiques ou émergentes de la photographie venues de divers horizons, le XIXe siècle et le début du XXe ne sont aujourd’hui représentés que par les galeries Tartarin (Paris) et Hans P. Kraus (New York). Cette édition insuffle un nouvel élan au changement observé au niveau des galeries, des acheteurs et des collectionneurs, depuis deux, trois ans. Au traditionnel panel de fidèles et grands classiques de la foire – de Howard Greenberg, Michael Hoppen, Pace à Zander, Robert Morat, Camera Obscura, Les Douches ou Sophie Scheidecker – s’adjoint de plus en plus d’exposants méconnnus du moins par la clientèle traditionnelle de la foire tant du côté parisien avec ArtVerse, Automata, Carole Lambert, Danae, Hatch, Obsession et Salon H que du côté international avec Ab-Anbar (Londres), Eva Presenhuber (Zurich), Nagel Draxler (Berlin), Hannah Traore (New York) qui participent pour la première fois à la foire.
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Paris Photo glisse vers le contemporain
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°664 du 31 octobre 2025, avec le titre suivant : Paris Photo glisse vers le contemporain






