Pour sa 28e édition, la foire au Grand Palais reste un événement attendu malgré une fréquentation en légère baisse.

Paris. Trois semaines après la clôture d’Art Basel Paris, Paris Photo lui a succédé au Grand Palais avec son propre dynamisme, rappelant la spécificité du marché de la photographie et sa myriade de pratiques et d’usages. Moins de visiteurs cependant pour la 28e édition : 6 1 000 annoncés à la clôture par le communiqué de presse, chiffre corrigé le lendemain à 75 000, suite à une erreur de consolidation des chiffres entre les passages et les visites uniques, précisait-on. Ce cafouillage indique quoi qu’il en soit une baisse de la fréquentation comparée aux 80 000 visiteurs enregistrés en 2024, année de fréquentation record pour la foire qui retrouvait les espaces du Grand Palais. L’augmentation du prix du ticket d’entrée – plein tarif à 35 euros en semaine (32 euros en 2024, + 9%) et 40 euros le week-end contre 35 euros l’an dernier (+ 18 %) –, dissuasive pour une partie de public qui se déplace pour les 400 signatures de livres programmées, n’y est certainement pas étrangère. Pour autant, cette baisse de la fréquentation n’a pas été synonyme de moins de ventes pour les galeristes et les éditeurs qui, à la veille de l’ouverture, espéraient pouvoir compenser voire effacer une année plus que morose et recouvrir leurs frais de stand, loué 683 euros du mètre carré hors taxes pour le secteur « Principal » contre 630 euros le mètre carré hors taxes, l’an dernier.
« Au soulagement de tous, la foire a été très bonne pour nous comme pour un grand nombre d’exposants, français ou étrangers. Tout le monde était au rendez-vous. Il faut savoir surprendre, se renouveler. L’excellence dans les tirages suscite toujours un grand intérêt chez les collectionneurs », souligne Françoise Morin de la galerie Les Douches. À la fermeture, le 16 novembre, les premiers bilans dressés affichaient au secteur « Principal » un niveau soutenu de ventes avec un record de prix à 650 000 $ (561 000 €) chez Hans P. Kraus (New York) pour le tirage au sel et son négatif original de Footman at Carriage Door (« Valet à la portière d’une calèche ») de William Henry Fox Talbot, datant du 14 octobre 1840, soit quelques semaines après que Talbot a découvert le procédé du calotype. Une pièce rare considérée comme la première photographie sur papier représentant une figure humaine debout qui a trouvé acquéreur dès le premier jour de la foire.

Les pièces exceptionnelles, uniques, n’ont pas manqué toutes époques confondues : Jecza Gallery (Bucarest) présentait ainsi 60 images en noir et blanc de la série Serving Art (1997) du groupe d’artistes roumains subREAL, une œuvre dénonçant le fonctionnement du système artistique en Roumanie et la question de la représentation. L’ensemble a été vendu à 150 000 euros.
Le noir et blanc et les ensembles de photographies des années 1960-1990 jusqu’à nos jours, relatifs au portrait, à la performance, à l’intime ou à la photographie conceptuelle mais aussi à l’histoire, étaient particulièrement nombreux. Les autoportraits de photographes, dont les prix variaient entre 1 500 euros à 75 000 euros, ont révélé de belles découvertes ou redécouvertes liées parfois à des expositions photo de l’année ou à venir : le solo show sur l’œuvre de Julio Le Parc à la galerie Vasari (Buenos Aires), ou celui sur la photojournaliste Marie-Laure de Decker (1947-2023) pour la première fois exposée à Paris Photo (In Camera et Anne-Laure Buffard, Paris), ou encore celui sur les images non retenues par Sally Mann pour son livre Immediate Familyà la galerie Jackson (Atlanta), les portraits de passants de rues à Londres réalisés en 2024 par Jack Davison (Cob Gallery, Londres), ou les polaroïds de 1990 de la photographe de mode Donna Trope chez Carole Lambert (Paris).
La scène française était par ailleurs bien représentée ainsi que les femmes photographes (39 % contre 20 % en 2018) et la lecture des propositions facilitée par un curating des stands désormais rentré dans les habitudes. Le succès rencontré par le secteur « Principal » a été plus mitigé en revanche pour les secteurs « Émergence » et « Digital » et pour le secteur « Voices », qui a pâti de son emplacement moins valorisant que l’an dernier, relançant le débat, à l’étage, sur le manque de visibilité de certains éditeurs.

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Paris Photo 2025 confirme son attractivité
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°666 du 28 novembre 2025, avec le titre suivant : Paris Photo 2025 confirme son attractivité






