États-Unis - Musée - Ventes aux enchères

La Phillips Collection vend une partie de ses œuvres : une cession qui divise

Par LeJournaldesArts.fr · lejournaldesarts.fr

Le 21 novembre 2025 - 463 mots

Le musée américain a mis au catalogue des grandes ventes actuelles de New York une dizaine de pièces de la collection, au grand dam de certains.

Arthur Garfield Dove (1880-1946), Rose and Locust Stump, 1943, huile et cire sur toile, 61 x 81 cm. © Sotheby's
Arthur Garfield Dove (1880-1946), Rose and Locust Stump, 1943, huile et cire sur toile, 61 x 81 cm.
© Sotheby's

Alors qu’en France les collections publiques sont inaliénables, aux États-Unis, après 18 mois de tensions internes, la Phillips Collection basée à Washington D.C. a décidé de mettre en vente près d’une dizaine d’œuvres de sa collection, parmi elles un O’Keeffe, un Seurat ou encore un Dove. La plupart ont été mises en vente entre le 19 et le 21 novembre 2025 chez Sotheby’s à New York, les dernières seront vendues ultérieurement.

Depuis son arrivée en mars 2023, le directeur et P.-D.G. Jonathan P. Binstock a mis en place un plan stratégique afin de diversifier les collections de la Phillips Collection vers l’art contemporain espérant attirer de nouveaux publics. Ce plan fut approuvé par le conseil d’administration en juin 2024.

Cette proposition a alerté certains membres du personnel qui ont exprimé leur désaccord vis-à-vis de cette décision, mais aussi de la part du conseil des membres, organe consultatif composé de membres de la famille de Duncan Phillips (1886-1966), fondateur du musée, et de professionnels de l’art. Eliza Rathbone, conservatrice en chef émérite du Phillips, a ainsi déclaré au Washington Post  : « Je suis profondément attristée et consternée que la Phillips Collection puisse ainsi irrémédiablement ternir la vision du fondateur en vendant des œuvres si soigneusement sélectionnées. »

Jonathan Binstock a alors justifié sa position en expliquant respecter la volonté de Duncan Phillips qui prônait le musée comme un laboratoire vivant et changeant, soutenant ses contemporains. Duncan Philipps avait déjà vendu quelques œuvres de sa collection à certains moments. Il minimise ainsi la portée de ces cessions au Washington Post  : « Georges Seurat n’est pas un artiste pour lequel on vient au Phillips. ». Ce à quoi Eliza Rathbone rétorque  : « Si ce tableau devait quitter la Phillips Collection, ce serait une véritable tragédie, d’autant plus grave s’il tombait entre des mains privées ».

D’autres musées américains ont dû faire ce choix après la pandémie afin de maintenir à flot leurs finances, comme l’Université de l’Indiana en 2023. Mais il semble que la Phillips Collection n’ait pas autant souffert que les autres. C’est un signal inquiétant pour les autres institutions venant du premier musée d’art moderne des États-Unis ouvert en 1921. Le « deaccessioning » est très encadré par l’Association des directeurs de musées d’art (AAMD), dont fait partie Jonathan Binstock .

Résultat de la vente du 20 novembre 2025 chez Sotheby's New York

Arthur Garfield Dove, Rose and Locust Stump, 1943, estimé entre 1 et 1,8 M$, a été adjugé 681 000 $

Georgia O'Keeffe, Large Dark Red Leaves on White, estimé entre 6 et 8 M$, a été adjugé 7 858 000 $

Georges SeuratClowns et poney, estimé entre 3 et 5 M$, a été adjugé 4 874 000 $

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