États-Unis - Musée

L’AAMD se prononce contre la pérennisation de la dérogation en matière de désaliénation des œuvres

Par Charles Roumégou · lejournaldesarts.fr

Le 18 mars 2021 - 470 mots

ÉTATS-UNIS

Les directeurs de musées américains restent divisés sur la question, l’idée d’une nouvelle consultation n’est pas écartée.

Le MET à New York © The Metropolitan Museum of Art
Le MET à New York
© The Metropolitan Museum of Art

Les membres de l’Association of Art Museum Directors (AAMD), organisation professionnelle chargée d’accompagner et d’orienter les pratiques des 221 musées américains qu’elle fédère, ont rejeté à une très courte majorité la proposition de prolonger indéfiniment l’assouplissement des règles en vigueur en matière de cessions d’œuvres d’art, ou de « deaccessioning », adopté en avril 2020.

Antérieurement à cette date, l’AMMD autorisait les musées américains à vendre des œuvres d’art dans le seul but d’en acquérir de nouvelles. Toutefois, compte tenu de la sévérité de la crise sanitaire et des besoins financiers immédiats des institutions muséales, l’association tolérait que les recettes issues de ces ventes soient allouées aux dépenses liées à l’entretien direct des collections. 

Cette possibilité ne courant que jusqu’au 10 avril 2022, l’association avait souhaité savoir si ses membres étaient opposés ou non à une pérennisation de cette dérogation à l’occasion d’un sondage informel, réalisé lors de deux sessions virtuelles organisées les 9 et 11 mars dernier. Les résultats, très partagés, mettent en lumière la profonde division qui règne chez les directeurs de musées américains à ce sujet : 91 membres ont voté contre cette proposition, 88 pour et 42 n’ont pas pris part au vote.

Sur son compte Twitter, l’AAMD déclare que « les résolutions d’avril 2020 resteront en vigueur jusqu’en avril 2022 », avant d’ajouter que « toute prolongation éventuelle sera évaluée à l’approche de cette date ». La décision ne semble donc pas figée dans le marbre.

Ce sondage intervient alors que le Metropolitan Museum de New York (MET), lequel accuse un déficit budgétaire de près de 150 millions de dollars du fait de la crise sanitaire, va vendre certaines de ses œuvres d’art, rarement ou jamais exposées, afin de payer les frais d’entretien de sa collection.

Une perspective qui, en février dernier, avait suscité une véritable controverse dans le milieu muséal. L’ancien directeur du MET, Thomas Campbell, actuel directeur du Fine Arts Museums of San Francisco, avait alors exprimé sur son compte Instagram ses inquiétudes voyant là « un chemin glissant », ajoutant « le danger est que la vente d’œuvres d’art pour financer les frais de fonctionnement devienne la norme, surtout si des musées de premier plan comme le MET suivent le mouvement ».

En France, la pratique du deaccessioning est proscrit en application du principe d’inaliénabilité des collections publiques, hérité lui-même de l’Édit de Moulins de 1566. Consacré par la loi du 4 janvier 2002 relative aux musées de France, laquelle empêche les musées dépositaires de collections nationales de vendre des œuvres (sauf procédure de déclassement), et codifié à l’article L. 451-5 du code du patrimoine, ce principe est régulièrement remis en question ou bien conforté par le débat public, à l’instar du rapport Rigaud de 2008.
 

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