Justice

Jusqu'à quatre ans de prison pour les voleurs du reliquaire d'Anne de Bretagne 

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 28 mai 2019 - 669 mots

NANTES

Le tribunal correctionnel de Nantes a prononcé lundi des peines allant jusqu'à quatre ans de prison ferme à l'encontre de quatre hommes impliqués dans le vol du reliquaire du cœur d'Anne de Bretagne, dérobé dans un musée en avril 2018 puis retrouvé. 

Reliquaire du cœur de la duchesse Anne de Bretagne, Château des Ducs de Bretagne, Nantes
Reliquaire du cœur de la duchesse Anne de Bretagne, Château des Ducs de Bretagne, Nantes
Photo Jibi44

Les quatre prévenus ont tous été condamnés à de la prison ferme assortie d’amendes, en fonction de leur degré d'implication et de leurs casiers judiciaires : deux ont écopé de quatre et trois ans de prison pour "vol d'un bien culturel" et "association de malfaiteurs" ; le troisième à 30 mois pour "vol aggravé", et le dernier à 18 mois pour "recel de vol aggravé"

Ces peines sont inférieures aux réquisitions du ministère public, qui avait demandé une peine allant de trois à cinq ans de prison pour les prévenus, réfutant l'amateurisme supposé de cette équipe, dans laquelle seul l'instigateur a reconnu les faits. "On a cette impression qu'il rêvait d'être un grand bandit et il a montré ces objets comme s'il avait fait un « truc de ouf » ", avait lancé Nelly Dupret, la procureure.

Lors de l'audience, le cerveau de l'affaire avait pourtant tenté de plaider la totale improvisation de son larcin réalisé avec des comparses qu'il refuse de dénoncer. "Y avait rien de préparé", "je suis pas un expert", "ça s'est fait à la dernière minute", a répété le jeune homme de 23 ans, barbe soignée et cheveux blonds retenus par un chignon. Dans le box des prévenus du tribunal correctionnel, il est celui qui s'exprime le plus, mais s'il répond volontiers aux questions, son argumentaire se révèle aussi lacunaire que simpliste sur les raisons qui l'ont poussé à entrer par effraction, grâce à un tournevis, dans le musée Dobrée à Nantes via une porte pour personne à mobilité réduite, dans la nuit du 13 au 14 avril 2018.

Cet étudiant en BTS chimie avait découvert ce joyau d'orfèvrerie de 1514 en visitant le musée quelques mois plus tôt pour un devoir d'histoire-géographie, selon ses déclarations. Aux yeux de ce passionné de jeux vidéos, "qu'on soit amateur ou grand bandit, je pense que n'importe qui serait attiré par un objet comme ça". Lors d'un prêt pour une exposition, le cardiotaphe avait été estimé à dix millions d'euros, au minimum, selon le musée Dobrée.

Repérage à mille euros

"Il a dit qu'il y avait un magot à prendre et qu'il fallait bien travailler le coup", avait pourtant avoué un autre prévenu, dans des déclarations lues à l'audience. Car le récit bancal de l'instigateur du vol, frappé d'amnésie quand il s'agit de préciser certains faits et surtout de reconnaître ses comparses qu'il nomme vaguement "les gitans", a été mis à mal par de multiples indices concordants.

Selon l'enquête, c'est bel et bien lui qui a été à l'initiative du vol, lui qui avait payé la somme de 1 000 euros à un autre prévenu chargé de faire un repérage vidéo à l'intérieur du musée. Lui toujours qui avait acheté avec un prête-nom la voiture utilisée le soir des faits et lui qui a effectué des recherches sur les plans du musée.

C'est "l'Arsène Lupin de Saint-Nazaire, il s'y est cru... Mais ça n'a pas duré longtemps", avait plaidé Denis Lambert, avocat du principal suspect, qui rappelle que les faits se sont déroulés sans arme ni violence. La défense a globalement dénoncé une instruction à charge, une interprétation des éléments de téléphonie "à la limite de la malhonnêteté intellectuelle", appuyant sur le supposé amateurisme des voleurs présumés et un musée mal sécurisé. 

L'écrin du cœur de l'ancienne reine de France, mais aussi une cinquantaine de pièces d'or, dix médailles et une statuette hindoue dorée : ce butin clinquant avait été enfoui dans une zone boisée près de Saint-Nazaire, d'où sont originaires tous les prévenus, amis de quartier. Les enquêteurs avaient retrouvé le trésor intact quelques jours après sa disparition. Le reliquaire a depuis été restitué au Département de Loire-Atlantique et reste conservé dans un endroit tenu secret.

Fanny Lattach

Cet article a été publié par l'AFP le 27 mai 2019.

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