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Berlin Art Week : bisbilles autour de la vente d’œuvres de Saâdane Afif

Par Lorraine Lebrun · lejournaldesarts.fr

Le 15 septembre 2020 - 500 mots

BERLIN / ALLEMAGNE

L’artiste français est furieux que le galeriste Johann König expose deux de ses œuvres sans son accord.

Vue de l'exposition « Messe in St. Agnes », 2e édition de septembre 2020, organisée par la galerie König. © Photo Romain Maerz
Vue de l'exposition « Messe in St. Agnes », 2e édition de septembre 2020, organisée par la galerie König.
© Photo Romain Maerz

Saâdane Afif, classé 23e au classement Artindex 2020 et lauréat du Prix Marcel Duchamp en 2009, n’a pas caché sa surprise d’apprendre indirectement qu’il « participait » à une foire organisée par le galeriste berlinois Johann König. L’artiste français s’est alors fendu d’une lettre ouverte, se disant consterné que le galeriste ne l’ait pas consulté, ni lui ni son galeriste de longue date Mehdi Chouakri, avant d’inclure ses œuvres, parlant même d’une « trahison ».

Inscrite au programme officiel de la Berlin Art Week, « Messe at St. Agnes #2 » est la seconde édition d’une manifestation que Johann König organise dans ses locaux du 12 au 20 septembre. La première édition avait eu lieu en juin. Pour cette « foire » maison, le galeriste présente essentiellement des œuvres issues du marché secondaire. Elles sont envoyées par des artistes, des galeries ou des collectionneurs, ce qui est le cas pour les deux œuvres de Saâdane Afif. Le galeriste berlinois prend une commission sur la vente. 

L’artiste français dénonce dans sa lettre ce qui n’est rien de plus qu’un « marché aux puces », où l’intérêt des artistes n’est pas la principale préoccupation du galeriste. Au plan juridique, il ne peut véritablement revendiquer de droit sur ses œuvres, qui ont déjà été vendues. Ayant échoué à les faire retirer de la foire, il a fait en sorte que l’une d’elle soit rachetée par son galeriste attitré afin de la retirer de ce contexte qu’il juge « malsain ».

Interrogé par Artnet, König rétorque qu’il n’a pas particulièrement cherché à exposer Afif, mais que ces deux œuvres lui ont été envoyées par des collectionneurs désireux de les revendre. Il ajoute avoir par ailleurs proposé à Chouakri de prendre part à l’exposition, ce que le marchand a refusé. En cause notamment : l’absence de mention des galeristes sur les cartels, qui se justifierait par une volonté de discrétion selon König, qui n’a pas non plus souhaité distinguer les œuvres issues du marché primaire et celles issues du marché secondaire. 

« Comment peut vivre le marché de l’art si vous ne pouvez pas revendre les œuvres ? […] Il est difficile de vendre des œuvres en ce moment, c’est pourquoi nous avons voulu donner la possibilité aux jeunes galeries, aux artistes et aux collectionneurs de le faire ici » se défend Johann König.

Ce conflit pose - à nouveau - la question du marché secondaire, qui oppose généralement les galeries aux maisons de ventes. Le droit de suite permet à un artiste de toucher des royalties en cas de revente d’une de ses œuvres, disposition qui a fait l’objet d’une directive européenne en 2012, mais sa mise en œuvre reste souvent complexe.

Toujours est-il que le nom de Saâdane Afif a été supprimé de la liste des artistes présentés pour cette « Messe in St Agnès #2 », qui présente par ailleurs environ 200 artistes, établis ou émergents.
 

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