Foire & Salon

À Art Basel Paris, le marché de l’art dans toute sa splendeur

Par Anne-Cécile Sanchez · lejournaldesarts.fr

Le 23 octobre 2025 - 738 mots

La scène française s’inscrit en pointillés dans cette édition, tandis que le second marché gagne du terrain. 

Mercredi après-midi, les exposants d’Art Basel Paris entamaient leur deuxième jour de foire, tout en réalisant qu’ils étaient seulement à la veille du vernissage officiel avant l’ouverture au grand public. Les galeristes se tiennent sur le pont, tandis que se succèdent des visiteurs bénéficiant de différents degrés de privilèges (Avant-Première, Preview, First Choice …). Le caractère exclusif de cette deuxième journée semblait d’ailleurs discutable vu la foule circulant dans les allées.

Difficile de savoir dans quelle mesure le très sélect après-midi inaugural instauré cette année le mardi a été profitable en termes de transactions. S'il l’a été, c’est essentiellement pour les galeries ayant un stand dans la nef, dont quelques-unes ont communiqué sur leurs ventes. Mais cette première vague de VIP n’a pas atteint les balcons. « En l’espace de quatre heures, la plupart des gens n’ont pas eu le temps de monter à l’étage », expliquait un galeriste.

Il faut dire que la foire ne cesse de grossir - cette édition réunit un peu plus de 200 galeries – et que la qualité des œuvres exposées sur les stands du rez-de-chaussée est digne pour nombre d’entre elles des collections d’art moderne des plus grands musées. Le Matisse présenté pour une dizaine de millions sur le stand d’Acquavella (Vase d’anémones, 1946) figurera d’ailleurs dans l’exposition programmée le printemps prochain au Grand Palais si son futur acquéreur accepte de le prêter. On trouve sur la foire un grand choix de Picasso, du dessin aux sculptures en bronze (par exemple chez Di Donna ou Nahmad), quelques beaux mobiles de Calder – notamment sur l’espace de Gladstone (Caged Stone on Yellow Stalk, 1955) - plusieurs Josef Albers (entre autres chez David Zwirner)

Les stands mettent en avant cette année quelques artistes contemporains classiques tels que Gerhard Richter (Hauser & Wirth) ou Georges Condo (Di Donna) tous deux actuellement à l’affiche dans les musées parisiens, mais on note que les galeries d’art contemporain s’aventurent sans complexe sur le terrain du second marché. Mennour avait ainsi réservé un coin de son stand à des dessins de Giacometti, de Giorgio Morandi et de Matisse, aux côtés d’un collage de Jean Arp et d’un ravissant Taureau miniature de Picasso. Hauser & Wirth a vendu un Picabia (Femme brune (1941-1942), 850 000 €), Thaddaeus Ropac une toile de Buri (Sacco e oro, 1953, 4 200 000 € ). Et la foire a concédé une autorisation spéciale à Gagosian pour qu’il accroche sur ses cimaises La Vierge et l’Enfant Jésus, avec Sainte Élisabeth et Saint Jean-Baptiste, de Pierre Paul Rubens, un tableau exécuté entre 1611 et 1614. Même les marbres de Maurizio Cattelan (Perrotin) empruntent aux codes de la sculpture antique. 

L’offre est également riche en ce qui concerne les grandes figures de l’après-guerre ; qu’il s’agisse de peintures : de Tom Wesselmann (van de Weghe ), de Kenneth Nolland (Almine Rech) de Karel Appel (Max Hetzler). Ou de sculptures : comme celle en fil de fer tricoté, de Ruth Asawa suspendue sur le stand de David Zwirner (7 500 000 $) ou encore de la Déesse Noire cinétique de Niki de Saint Phalle (Georges Philippe et Nathalie Vallois). Ceysson & Bénétière avait déjà vendu des dizaines d’œuvres, pour 1,5 million d’euros, dont la grande bâche monochrome de Louis Cane (250 000 €). La galerie se félicitait aussi du succès des oiseaux à la cire perdue de Lionel Sabatté, nommé au prix Marcel Duchamp qui récompense un artiste de la scène française (le nom du lauréat ou de la lauréate sera connu jeudi soir).

Est-elle visible cette scène française sur Art Basel Paris ? Moins sans doute qu’on ne pourrait le souhaiter. Les artistes en milieu de carrière y sont rares - Marian Goodman présentait une belle pièce d’Anri Sala (No Window No Cry). Ceux qui émergent sont à chercher sur les stands des galeries du premier étage, plus prospectives que celles de la nef. Même si plusieurs d’entre elles mettent cette année en avant des pièces vintage – comme cette vidéo d’Ange Leccia datant de 1976 sur le stand de Jousse. D’autres ont même opté pour des redécouvertes historiques : avec les étonnantes œuvres sur papier d’Ella Bergmann-Michel chez Eric Mouchet, ou les toiles de Marie Braquemond chez Pauline Pavec. Quant à la galeriste Martine Abboucaya, qui fait cette année son retour sur la foire, elle réactive chaque jour une œuvre immatérielle de Robert Barry et accueille les visiteurs sur un stand vide.

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