Foire & Salon

Art Basel Paris, une édition sous tension maîtrisée

Par Anne-Cécile Sanchez · Le Journal des Arts

Le 31 octobre 2025 - 658 mots

La manifestation parisienne semble avoir rassuré le marché avec des valeurs sûres.

Paris. Dans la nef, nombre de marchands se félicitaient au moment de la clôture d’Art Basel Paris du succès rencontré par la foire,« une édition très active avec encore un plus grand nombre d’œuvres vendues que l’année dernière, à une majorité de collectionneurs français, européens, américains et d’Europe de l’Est », assurait ainsi la galeriste Nathalie Obadia. Dans les allées du Grand Palais, on a pu parfois se croire dans un musée d’art moderne et contemporain. Ici, sur le stand d’Acquavella, un bronze (Tête de fou) et une toile de Picasso (Head and shoulders of female nude (1908), chez Pace, un Modigliani (vendu 10 M$ à une institution européenne), plus loin quelques mobiles de Calder (White Cube a vendu le sien, Height Polygons pour 4,85 M$)…

Mais aussi plusieurs toiles de Martin Barré (notamment chez Matthew Marks), un Lucio Fontana (Concetto spaziale, natura, dont Cardi Gallery demandait 1,5 M€), une splendide toile de Frank Stella (vendue environ 4 M$ par Yares Art). Et encore, un Smiling Profile de George Condo (vendu 1,8 M$ par Sprüth Mägers), un tirage de Wolfgang Tillmans, Pompidou CMYK, Separation, A, 2024 (vendu 120 000 $ par la galerie Chantal Crousel), plusieurs œuvres de Maurizio Cattelan (vendues entre 90 000 et 180 000 € chacune chez Perrotin)…

Tandis qu’Hauser & Wirth a annoncé la vente record d’une Abstract Painting (1987) de Gerhard Richter pour 23 millions de dollars, un grand nombre d’œuvres ont trouvé preneurs pour des prix dépassant ou avoisinant le million d’euros, du James Turrell mis en avant par Almine Rech (entre 900 000 et 1 M$) au remarquable Julie Mehretu (11 M$ chez White Cube), en passant par un tableau de Martin Kippenberger (5 M$ chez Zwirner). Sans oublier les Baselitz qui s’écoulent toujours comme des petits pains chez Thaddaeus Ropac, pour des prix allant de 850 000 euros à 3,5 millions.

Que l’on préfère le solo épuré de Rei Naito chez Taka Ishii ou le stand de la Galleria Continua alignant à la manière de trophées les pièces très identifiables (signées Daniel Buren, Pistoletto, Berlinde de Bruyckere, Ai Weiwei…), force est de constater qu’il faut présenter « du lourd » pour être dans la nef. Christophe Gaillard, qui y figurait enfin cette année, confie avoir préparé cette édition en faisant l’acquisition (lors de la vente du stock de la galerie Fournier) d’une très grande toile de Hantaï de la série des Tabula (vendue environ 850 000 €). Stratégie récompensée par sa présence dans la cour des grands.

Des stands plus prospectifs à l’étage

C’est à l’étage que l’on trouvait des stands plus prospectifs, comme celui de Balice Hertling, au milieu duquel gisait la Liberté morte (2025) de Puppies Puppies (Jade Guanaro Kuriki-Olivo). Mais si la galerie a vendu deux compositions sur latex de Minh Lan Tran, c’est surtout la vente des pièces de Simone Fattal, un bronze et deux photogravures, qui lui aura permis de rentrer dans ses frais. Le coût du stand (de 850 € à 1061,50 € le mètre carré, soit entre 30 000 et 60 000 pour les espaces les moins grands) exige de réaliser un chiffre d’affaires deux à trois fois supérieur pour que l’opération soit rentable. Sur le stand de Sultana, les petites Peintures périmées délicates et conceptuelles d’Olivier Millagou affichaient un prix de 3 000 euros pièce ; les coquilles de moules peintes de Trevor Yeung (Redundant Lovers), un artiste qui a représenté Hong Kong lors de la dernière Biennale de Venise, en 2024, sont parties à 12 000 euros seulement sur le stand de Joseph Allen… Or, non seulement les galeries à l’étage sont pénalisées par une fréquentation moindre, mais leur offre de prix abordable, justifiée par le fait qu’elles promeuvent des artistes émergents, leur permet difficilement de tirer bénéfice de leur participation à la foire. Cela pose aussi un problème si l’on veut que le marché se renouvelle grâce à l’arrivée de jeunes collectionneurs.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°664 du 31 octobre 2025, avec le titre suivant : Art Basel Paris, une édition sous tension maîtrisée

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