Justice

Accusé d’avoir pratiquement mené la documenta à la faillite, Adam Szymczyk se défend

Par Isabelle Spicer (Correspondante à Berlin) · lejournaldesarts.fr

Le 15 septembre 2017 - 482 mots

BERLIN (ALLEMAGNE) [15.09.17] - Un journal régional allemand a affirmé que la documenta était au bord de la faillite, avec un déficit qui pourrait atteindre 7 millions d’euros. Adam Szymczyk, le directeur artistique de la documenta 14, contre-attaque en s’en prenant aux journalistes et aux politiques.

Le quotidien régional Hessische/Niedersächsische Allgemeine a révélé le 12 septembre que la documenta, une des plus grandes expositions d’art contemporain au monde qui se déroule tous les cinq ans à Cassel, serait au bord de la faillite. En cause selon le journal, une mauvaise gestion par le directeur artistique, Adam Szymczyk, qui a proposé que l’exposition se déroule dans deux villes, à Cassel et Athènes.

Le maire de Cassel, Christian Geselle, a confirmé que la ville et le Land de Hesse ont dû intervenir en urgence afin que la documenta ait suffisamment de liquidités jusqu’à la fermeture de ses portes le 17 septembre, et jusqu’à la fin du mois. L’information a largement été relayée dans la presse allemande et internationale.

Adam Szymczyk et son équipe de commissaires ont contre-attaqué vivement dans un long plaidoyer dénonçant les « impressions trompeuses de ce journalisme mal avisé ». S’il ne réfute pas le problème, c’est-à-dire le déficit - sans toutefois mentionner son ampleur - il dénonce un lâchage par les politiques. Le projet de partager la documenta entre Athènes et Cassel, sur lequel il avait été choisi en 2013, avait été largement accepté par le comité de sélection international et le conseil d’administration de la documenta, présidé par le maire de Cassel en fonction, explique-t-il. « Ils ont compris à ce moment-là que ce grand événement artistique ne pouvait plus amener le monde à Cassel, mais devait se déplacer et incarner le changement », ajoute Adam Szymczyk. Mais selon lui, ce soutien avait visiblement ses contingences.

A budget quasi-constant depuis 2012, 37 millions d’euros, l’équipe curatoriale a ainsi organisé une exposition non pas dans une mais deux villes. La documenta a également dépassé la traditionnelle durée de cent jours, pour atteindre 163 jours. « Dans un esprit de réflexion collective, nous pensons qu’il est temps de remettre en question la valeur du régime de production de méga-exhibitions telles que la documenta », poursuit le plaidoyer. Celui-ci dénonce également « un modèle d’exploitation » qui prévoit une obligation de succès et de croissance économique ainsi que « des conditions de travail d’exploitation ».

Le communiqué appelle les politiques à prendre « un temps de réflexion. Nous vivons dans une période où le temps et la paix sont des ressources limitées. La liberté, artistique et autre, est quelque chose que nous devons tous soutenir ».

Eu égard à la situation financière critique, il est cependant peu probable que les politiques aient le luxe de prendre le temps de la réflexion. Un audit financier indépendant « post-mortem » de l’exposition sera présenté au conseil d’administration de la documenta le 21 septembre prochain.

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Adam Szymczyk à la Documenta 14 © Photo Olaf Kosinsky - 7 juin 2017- Photo sous Licence Domaine public CC0 1.0

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