Ventes aux enchères

Art contemporain : records historiques pour Christie’s et Sotheby’s

Plus d’un milliard pour les ventes de New York

Une pluie de records s’abat sur les ventes d’art contemporain à New York qui cumulent 788 millions de dollars, mieux qu’en mai 2012.

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 21 mai 2013 - 837 mots

Les seules ventes du soir d’art impressionniste, moderne et contemporain de Christie’s et Sotheby’s ont rapporté 1,17 milliard de dollars, dont 788 millions pour les vacations d’art d’après-guerre. Une pluie de records s’est abattue sur les artistes américains. Le segment supérieur du marché de l’art se porte décidemment bien.

NEW YORK - Un bilan stupéfiant, des estimations pulvérisées : à elles deux, Christie’s et Sotheby’s totalisent 788 millions de dollars frais compris pour leur vente d’art contemporain, un résultat jamais atteint. Ce résultat dépasse les attentes (600 millions de dollars hors frais), mais il pulvérise l’exploit de mai 2012 (655 millions de dollars frais compris). « On est dans des niveaux de marché jamais atteints », commente Olivier Fau, spécialiste chez Sotheby’s Paris. Chez Christie’s ce sont des enchères historiques d’1 demi milliard de dollars qui ont été atteintes (495 millions de dollars frais compris), avec 94 % de lots ayant trouvé preneurs, neuf œuvres cédées chacune au-delà de 10 millions de dollars et seize records d’enchères. Il s’agit de « la vente la plus élevée dans l’histoire des ventes aux enchères, reflétant une nouvelle ère dans le marché de l’art, où collectionneurs et nouveaux enchérisseurs rivalisent au plus haut niveau », a commenté Brett Gorvy, directeur du département d’art contemporain de Christie’s New York.

Les grands gagnants
Le trio gagnant de cette session new-yorkaise, Jackson Pollock, Roy Lichtenstein et Jean-Michel Basquiat, cumule à lui seul plus de 163 millions de dollars. Ces trois artistes affichent chacun un nouveau record mondial. Jackson Pollock obtient 58,3 millions de dollars frais compris pour Number 19, un dripping de 1948 peint pendant sa période la plus féconde (1947-1949), estimé 25 à 35 millions de dollars (hors frais). C’est un nouveau prix record pour l’artiste, six mois après les 40,4 millions de dollars de Number 4. Le célèbre critique d’art américain, Clement Greenberg, disait de ce tableau qu’il suffisait à rendre compte de ce que « Pollock est l’un des peintres majeurs de notre temps ». Avec Woman with Flowered Hat, adjugé 56 millions de dollars, Roy Lichtenstein bat également son propre record atteint un an auparavant (Sleeping girl, 44,8 millions de dollars). Quant à Jean-Michel Basquiat,  l’une des peintures les plus accomplies de l’artiste, Dustheads, a trouvé preneur pour la somme de 48,8 millions de dollars, bien au-delà de son estimation de départ (25 à 35 millions hors frais), doublant presque son précédent record de 26,4 millions de dollars de novembre 2012.  « Des estimations justes et attractives, alliées au dynamisme général et à des œuvres rigoureusement sélectionnées, ont mené au succès », note Pierre Nizam, spécialiste chez Christie’s.

Enchères dépassant les estimations
La veille, Sotheby’s récoltait 293 millions de dollars frais compris avec 83 % de lots vendus. « Ces résultats sont plutôt bons dans la mesure où les estimations, dans leur ensemble, étaient très défensives. Nous n’étions pas face à une vente “peu chère”, les estimations étaient élevées », commente Olivier Fau, qui a fait le déplacement à New York pour l’occasion. Plusieurs records ont été établis ce 14 mai. Ornament VI, le tableau de Barnett Newman de 1953, une œuvre rarissime, d’une grande qualité de couleurs et de conservation, a été adjugé 43,8 millions de dollars (33,7 millions d’euros). Il a doublé le record d’il y a tout juste un an. Avec Domplatz, Mailand, vendu 37,1 millions de dollars à l’homme d’affaires new-yorkais Donald Bryant Jr, Gerhard Richter bat non seulement son propre record (Abstraktes Bild, 34,3 millions de dollars chez Sotheby’s Londres en octobre 2012), mais obtient le plus haut prix jamais attribué à une œuvre d’un artiste vivant. Cette adjudication est dix fois supérieure à celle recueillie en 1998 par Sotheby’s Londres pour ce même tableau.
Le dernier record du commissaire-priseur pour cette soirée du 14 mai revient à une Sculpture éponge bleue sans titre, SE 168 (1959), d’Yves Klein, cédée à 22 millions de dollars, enchère pulvérisant son précédent record de 2008 pour une sculpture (3,3 millions de dollars en valeur réactualisée). Klein reste l’artiste français le plus cher vendu pour la deuxième moitié du XXe siècle. Mais la maison de ventes n’a pas réussi à dépasser le prix de réserve pour Study for a portrait of P.L., de Francis Bacon, une peinture de 1962 estimée 30 à 40 millions de dollars. « Ce tableau extraordinaire était peut-être trop sage, il lui manquait une petite dose de violence. Or à ce niveau de prix, tous les ingrédients doivent être réunis », analyse Olivier Fau. Cette déconvenue témoigne également de la difficulté de mettre sur le marché autant d’œuvres comportant des estimations élevées.

Sotheby’s, le 14 mai

Estimation : 295 à 388 millions de dollars (hors frais)
Résultat : 293 millions de dollars (226 millions d’euros) avec frais.
Nombre de lots vendus/invendus : 53/64
Lots vendus : 83 %

Christie’s, le 15 mai

Estimation : 307 à 418 millions de dollars (hors frais)
Résultat : 495 millions de dollars (386 millions d’euros) avec frais
Nombre de lots vendus/invendus : 66/70
Lots vendus : 94 %

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°392 du 24 mai 2013, avec le titre suivant : Plus d’un milliard pour les ventes de New York

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