Art contemporain

Une lame de fond irrésistible

Par Éléonore Thery · Le Journal des Arts

Le 29 octobre 2013 - 681 mots

Alors que le marché ne cesse de monter, les deux maisons de ventes anglo-saxonnes attendent 580 millions d’euros pour leur vente du soir.

NEW YORK - Jusqu’où va monter le marché de l’art contemporain ? Les progressions de ces dernières années ont de quoi donner le tournis. Alors qu’en 2002, les ventes aux enchères dans ce domaine totalisaient 75 millions d’euros, dix ans plus tard, elles permettaient de récolter 1 milliard d’euros (période juillet 2012-juin 2013, rapport Artprice). Ainsi, cette année, une hausse de 15 % par rapport à la période précédente était constatée. Moteur de ces chiffres ahurissants, les ventes d’art contemporain new-yorkaises de mai dernier (avec une définition de l’art contemporain plus large que celle d’Artprice) ont été celles de tous les records. Avec un total de 570 millions d’euros (frais compris), les deux maisons ont enregistré un total jamais atteint dans l’histoire, Christie’s se distinguant avec la vente la plus haute jamais réalisée, (359 millions d’euros frais compris) tous secteurs confondus. C’est donc peu dire que le marché est favorable.

Edmond Francey, responsable du département d’art contemporain chez Christie’s Paris, commente : « L’appétit est très grand pour des pièces qui donnent la vision des artistes sur le monde, et permettent de comprendre leur époque ». Dans ce contexte très fort, les ventes new-yorkaises de novembre des deux maisons anglo-saxonnes sont très attendues et promettent de focaliser tous les regards du marché. Et si l’on se demande comment Christie’s et Sotheby’s pourraient égaler les ventes historiques de mai, elles semblent avoir trouvé la réponse : frapper toujours plus fort et annoncer des prix toujours plus hauts. S’appuyant sur des vendeurs prompts à profiter de ce marché qui a le vent en poupe, les deux maisons de ventes annoncent une estimation cumulée de 580 millions d’euros, plus haut donc que les ventes historiques de mai.

Christie’s vise toujours plus haut
C’est à nouveau Christie’s qui tient la dragée haute à sa concurrente en annonçant une estimation à hauteur de 362 millions d’euros (hors fais) pour sa vente du soir. Edmond Francey explique « La vente est construite autour de l’expressionnisme abstrait, du pop art et des années 1980, avec une série d’œuvres à très fort potentiel ». Le Balloon Dog (Orange) de Jeff Koons, sans être le lot le plus cher proposé, est érigé par la maison en emblème de cette vacation, avec un marketing autour de l’œuvre qui marche à plein régime. « Cette œuvre emblématique de l’art contemporain américain est un chien-cheval que Jeff Koons appelait son “cheval de Troie”, c’est un peu le nôtre pour cette vente ! » relate encore le spécialiste. De cette pièce issue de la collection Brant et estimée 25-40 millions d’euros* Christie’s espère qu’elle pourra battre le record actuel de l’artiste établi en 2012 à 24,5 millions d’euros.
Figurent également dans la vacation le triptyque Three Studies of Lucian Freud de Francis Bacon (1969), point d’orgue de la relation entre les deux artistes ou Abstraktes Bild (809-1) de Gerhard Richter issue de la collection d’Éric Clapton (est. 14,5-18 millions d’euros). Est encore proposée Coca-Cola 3 d’Andy Warhol, présentant la bouteille emblématique du pop art peinte à la main, fait assez rare pour être souligné (est. 21-32 millions d’euros).

Sotheby’s espère de son côté 217 millions d’euros* pour sa vente prévue le 13 novembre au soir, avec 64 lots, un nombre comme de coutume légèrement inférieur à celui de Christie’s, qui affiche 73 pièces. La maison de vente mise sur une belle composition de Willem de Kooning de 1975 (Untitled V, est. 18-25 millions d’euros), clou de la vacation. Les poids lourds de l’art contemporain Andy Warhol et Basquiat sont également de la partie, le premier avec une sérigraphie d’Élisabeth Taylor de 1963, Liz #1 (Early Colored Liz) (est. 14,5-21,5 millions d’euros) et le second avec une toile de 1982, Untitled, (Yellow tar and feathers) (est. 11 à 14,5 millions d’euros). Gerhard Richter, Clyfford Still ou Barnett Newman figurent également dans les lots sur lesquels compte la maison pour tirer la vente vers le haut.

* prix hors frais, comme toutes les estimations

ART D’APRÈS-GUERRE ET ART CONTEMPORAIN, vente du soir
Le 12 novembre à 19h, Chez Christie’s, 20 Rockefeller Plaza 10020 New York, www.christies.com
CHRISTIE’S
Estimation : 362 millions d’euros (hors frais)
Nombre de lots : 73

ART CONTEMPORAIN, vente du soir
Le 13 novembre à 19h, chez Sotheby’s, 1334 New York Avenue 10021 New York, www.sothebys.com
SOTHEBY’S
Estimation : 217 millions d’euros (hors frais)
Nombre de lots : 64

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°400 du 1 novembre 2013, avec le titre suivant : Une lame de fond irrésistible

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