Record historique pour les ventes d’art contemporain de New York

Par Marie Potard · lejournaldesarts.fr

Le 16 mai 2013 - 718 mots

NEW YORK (ETATS-UNIS) [16.05.13] – Un bilan stupéfiant, des estimations pulvérisées, une pluie de records. A elles deux, Christie’s et Sotheby’s totalisent 788 millions de dollars frais compris pour leur vente d’art contemporain, un résultat jamais atteint.

Non seulement les ventes d’art contemporain de New York ont, avec 788 millions de dollars frais compris, dépassé les attentes (600 millions de dollars hors frais) mais elles ont pulvérisé l’exploit de mai 2012 (655 millions de dollars frais compris). « On est dans des niveaux de marché jamais atteint », commente Olivier Fau, spécialiste chez Sotheby’s Paris.

Chez Christie’s se sont des enchères historiques d’un demi-milliard de dollars qui ont été atteintes (495 millions de dollars frais compris), avec 94 % de lots ayant trouvé preneurs, 9 œuvres cédées chacune au-delà de 10 millions de dollars et 16 records d’enchères. Il s’agit de « la vente la plus élevée dans l'histoire des ventes aux enchères », a commenté Brett Gorvy, directeur du département d’art d'après-guerre et contemporain de Christie’s New York, « qui reflète une nouvelle ère dans le marché de l'art, où les collectionneurs et les nouveaux enchérisseurs rivalisent au plus haut niveau, dans le cadre d'un marché mondial », poursuit-il.

Le trio gagnant de cette session new-yorkaise ? Jackson Pollock, Roy Lichtenstein et Jean-Michel Basquiat qui cumulent à eux seuls plus de 163 millions de dollars. Ces 3 artistes affichent chacun un nouveau record mondial. Jackson Pollock obtient 58,3 millions de dollars frais compris pour Number 19, un dripping de 1948 peint pendant sa période la plus importante (1947-1949), estimé 25 à 35 millions de dollars (hors frais). C’est un nouveau prix record pour l'artiste, 6 mois après les 40,4 millions de dollars de Number 4. Le célèbre critique d’art américain, Clement Greenberg, disait de ce tableau qu’il suffisait à rendre compte de ce que « Pollock est l'un des peintres majeurs de notre temps ». Avec Woman with Flowered Hat, adjugée 56 millions de dollars, Roy Lichtenstein bat également son propre record atteint 1 an auparavant (Sleeping girl, 44,8 millions de dollars). Quant à Jean-Michel Basquiat, Dustheads, l’une des peintures les plus accomplies de l’artiste, a trouvé preneur pour la somme de 48,8 millions de dollars, bien au-delà de son estimation de départ (25 à 35 millions hors frais), doublant presque son précédent record de 26,4 millions de dollars de novembre 2012.

La veille, Sotheby’s récoltait 293 millions de dollars frais compris avec 83 % de lots vendus. « Ces résultats sont plutôt bons dans la mesure où les estimations, dans leur ensemble, étaient très défensives. Nous n’étions pas face à une vente "pas chère", les estimations étaient élevées », commente Olivier Fau, qui a fait le déplacement à New York pour l’occasion.

Plusieurs records ont été établis ce 14 mai. Ornament VI, le tableau de Barnett Newman de 1953, une œuvre rarissime, d’une grande qualité de couleurs et de conservation, a été adjugé 43,8 millions de dollars (33,7 millions d’euros). Il a doublé le record d’il y a tout juste un an. Avec Domplatz, Mailand, vendu 37,1 millions de dollars à l’homme d’affaires new-yorkais Donald Bryant Jr, Gerhard Richter bat non seulement son propre record (Abstraktes Bild, 34,3 millions de dollars chez Sotheby’s Londres en octobre 2012), mais obtient le plus haut prix jamais attribué à une œuvre d'un artiste vivant. Cette adjudication est 10 fois supérieure à celle recueillie en 1998 par Sotheby’s Londres pour ce même tableau. Le dernier record de l’auctioneer pour cette soirée du 14 mai revient à une Sculpture éponge bleue sans titre, SE 168 (1959), d’Yves Klein, cédée à 22 millions de dollars, enchère pulvérisant son précédent record de 2008 pour une sculpture (3,3 millions de dollars en valeur réactualisée). Klein reste l’artiste français le plus cher vendu pour la deuxième moitié du XXe siècle.

Mais la maison de ventes n’a pas réussi à dépasser le prix de réserve pour Study for a portrait of P.L., de Francis Bacon, une peinture de 1962 estimée 30 à 40 millions de dollars. « Ce tableau extraordinaire était peut-être trop sage, il lui manquait une petite dose de violence. Or à ce niveau de prix, tous les ingrédients doivent être réunis », analyse Olivier Fau. Cette déconvenue témoigne également de la difficulté de mettre sur le marché autant d’œuvres comportant des estimations élevées.

Légende photo

Jackson Pollock (1912-1956) - Number 19 (1948) - 78,4 x 57,4 cm - vente du 15 mai 2013 chez Christie's New York - Estimation 25.000.000 - 35.000.000 $ - Adjugé 58.363.750 $ - Photo www.christies.com

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