Un été festivalier

Si la langue arabe est à l’honneur du 79e Festival d’Avignon, et que la programmation s’enrichit de propositions d’artistes originaires de Tunisie, Syrie, Palestine, Maroc, Liban ou Irak, la présente édition n’échappe pas aux têtes d’affiches du théâtre européen. On attend la reprise du Soulier de satin de Paul Claudel, dans la mise en scène de l’administrateur sortant de la Comédie-Française, Éric Ruf. Un spectacle de très haute volée [voir L’Œil n° 783], dans la cour d’honneur du palais des Papes. Un moment en résonance avec l’histoire du festival et la mise en scène légendaire d’Antoine Vitez en 1987. L’Allemand Thomas Ostermeier, qui avait secoué le festival en 2004 avec sa mise en scène décapante de Woyzeck de Georg Büchner, revient à Avignon avec une adaptation du Canard sauvage d’Henrik Ibsen. Autre grand nom, le metteur en scène suisse de théâtre et d’opéra Christoph Marthaler présente Le Sommet, satire féroce de la vacuité intellectuelle des élites. Il aura son public ! Autre spectacle attendu, La Distance de Tiago Rodrigues, metteur en scène portugais et directeur du festival : une fable futuro-climatique, qui raconte les efforts d’un père resté sur Terre pour communiquer avec sa fille établie sur Mars… Dans l’air du temps. Sans oublier le Festival Off, dont l’offre pléthorique (1 500 spectacles) est à l’image d’un « supermarché » du théâtre : on y trouve de tout, du très bon comme du consternant. Si la danse figure en bonne place du Festival In d’Avignon (30 % de la programmation), elle est centrale au Festival Vaison Danses de Vaison-la-Romaine. Une programmation sans risque, dans le superbe écrin d’un théâtre antique en plein air, qui reprend de grands spectacles de haute qualité, dont certains ont déjà fait le tour du monde : le Junior Ballet de l’Opéra de Paris, le Ballet Preljocaj avec Requiem(s), Anne Teresa de Keersmaeker (Il Cimento…, voir L’Œil n° 779), Blanca Li, Mourad Merzouki… Plus sélectif, lyrique oblige, le prestigieux Festival d’Aix-en-Provence, avec, notamment, l’opéra Don Giovanni de Mozart par Simon Rattle ou la création mondiale de The Nine Jewelled Deer de Peter Sellars (à LUMA Arles). Plus populaires, les Fêtes nocturnes de Grignan présentent un spectacle de plein air, devant la façade du château Renaissance de la fille de la marquise de Sévigné : un classique Barbier de Séville de Beaumarchais, mis en scène par Jean-Philippe Daguerre avec 9 comédiens-musiciens dans une ambiance espagnole. À voir si l’on ne tombe pas dans les images d’Épinal… Populaires – et gratuits –, les très bons festivals d’arts de la rue méritent le détour par une qualité constante de programmation d’édition en édition : à Aurillac et Chalons-sur-Saône. Et pour les Parisiens ou ceux de passage dans une capitale assagie, l’incontournable Festival Paris l’été déploie une programmation éclectique, entre danse, théâtre, musique et expositions. À vos agendas !